Dans La Mesure des choses, le réalisateur a imaginé les derniers mots de Dédale à son fils avant un saut dans le vide, comme une allégorie de ce que vit aujourd'hui notre société : "Comme nous, Dédale a commis énormément d’erreurs dont il laisse le terrible héritage à son fils. Au moment de sauter dans le vide, la nouvelle génération demande des comptes et cherche un nouveau chemin. Que pouvons-nous lui dire d’autre que de ne pas nous imiter, de chercher la vérité dans la beauté, de trouver dans la création et la sobriété le début de leur propre harmonie..." Il s'agissait pour lui de montrer à la fois la violence du réel et la beauté du monde.
Patric Jean décrit son film non pas comme un documentaire ou une fiction mais comme "un essai poétique et politique. En imaginant ce qu’un Dédale actuel dirait à son fils Icare, juste avant de s’envoler, j’ai filmé la Méditerranée comme une île qui résumerait l’humanité entière." Le réalisateur estime qu'en laissant une grande place à l'imagination du spectateur et à la poésie, l'essai est le genre le plus noble qui soit : "C’est celui de Marker, Resnais, Godard, van der Keuken, Pelechian...Mais on le dit également de certains films de Fellini et de Pasolini. C’est donc un genre très vaste, sans règles bien définies si ce n’est qu’il joue souvent d’une poésie née de la juxtaposition. Il n’est pas de la fiction bien qu’il fictionnalise le réel et il fait voir le réel sans le documenter."
La démarche de Patric Jean est avant tout politique : "j’oppose la fascination pour la beauté du monde à la volonté d’accumuler des richesses en détruisant justement celle-ci. [...] Le film se situe donc, sans le dire, dans une critique radicale de la société de marché dans ce qu’elle a de plus destructeur. Mais, en allant plus loin, dans un questionnement sur qui nous sommes vraiment, nous les humains ?"