Colombia in My Arms : les secrets du tournage

Bien que le film se déroule en Colombie, il aborde des sujets universaux. Les réalisateurs expliquent : "la situation dans laquelle se retrouvent les personnages, poussés vers la limite de leur morale dans un contexte d’inégalités où l’argent et le pouvoir sont au centre de tout, est loin d’être unique. [...] Le dilemme auquel les personnages sont confrontés est lié à une Histoire plus large du colonialisme et du post-colonialisme, du capitalisme et de l’anti-capitalisme, qui questionne la manière dont notre civilisation s’est construite. Notre but à travers ce film est de mener à une discussion constructive qui permette une meilleure compréhension des différentes réalités de chacun, et qui rapproche ainsi les gens les uns des autres au lieu de les diviser."

Les réalisateurs Jenni Kivistö et Jussi Rastas ont vécu de nombreuses années en Colombie et en Amérique du Sud. Mais ils n'avaient jamais envisagé de faire un film sur le conflit colombien car ils s'en sentaient illégitimes en tant qu’étrangers. Mais l'accord de paix entre le gouvernement colombien et les FARC en 2016 change les choses et leur permet de filmer un camp de guérilleros. Leurs aprioris sont balayés par ce dont ils sont témoins : "Dans la jungle, nous avons été surpris de rencontrer ces supposés terroristes qui ne ressemblaient pas du tout à ce que nous avions imaginé. Ils ressemblaient à des gens tout à fait normaux. Autour du camp, il y avait également des milliers de familles d’agriculteurs vivant dans une extrême pauvreté, cultivant la coca et fabricant de la cocaïne au vu et au su de tous. Tout ceci était très commun dans la région – pas du tout une activité secrète et cachée comme nous l’avions pensé."

D'abord décidés à réaliser un film "poétique sur la paix", ils changent d'avis après avoir rencontré des personnes qui ont été confrontées à des drames : "il nous est apparu important de témoigner de cette escalade de la violence. La paix tant célébrée ne nous paraissait finalement plus si évidente. À ce moment nous avons eu la sensation de nous trouver au cœur de grands enjeux et nous avons réalisé que la réalité était en fait bien plus complexe que ce que nous avions compris jusqu’ici."