La Famille Asada est inspiré d’une histoire vraie : celle du photographe japonais Masashi Asada. Plus exactement, il est inspiré de deux livres de photographies dont les thèmes respectifs pourraient être ainsi résumés : la nature des liens qui tissent une famille, et le pouvoir inégalé de la photographie.
Le premier album dont il est question rassemble des photos de famille : celle du photographe lui-même, qui s’est amusé à mettre en scène sa propre famille. Dans ces photographies, lui-même, son frère et leurs parents sont tantôt grimés en pompiers, membres d’un groupe de rock, employés d’un restaurant...
Dans le deuxième album à l’origine du film, Masashi Asada témoigne de son expérience dans un groupe de bénévoles à la suite du tsunami qui a touché l’Est du Japon en mars 2011. Face à une telle catastrophe, en quoi un photographe pouvait-il bien aider les gens ?
C’est la question que s’est posée Masashi Asada, jusqu’à ce qu’il rencontre un jeune bénévole qui menait un travail pour le moins inattendu. Sa mission : "sauver" les photos et albums de famille perdus dans l’effondrement des maisons, en les récupérant, en les nettoyant, et en les restituant à leurs propriétaires.
C'est le producteur de Ryôta Nakano, Shinji Ogawa, qui a fait découvrir au réalisateur l'album de photos Asadake : "Dès les premières pages, j'ai éclaté de rire et en même temps cela m'a fait chaud au cœur. Pour faire ces photos uniques en leur genre, il avait forcément fallu une confiance aveugle et une coopération totale de la famille du photographe, et je me suis dit que cela cachait sûrement une belle histoire familiale."
"Pour moi qui ai toujours réalisé des films autour de la famille, je dois avouer que ces photos ont eu un effet irrésistible sur moi dès la première vision. De plus, au fil de mes recherches préparatoires, je me suis pris d'intérêt pour la véritable famille Asada au-delà des photos, et je me suis de plus en plus attaché à eux."
La famille est au cœur de la filmographie de Ryôta Nakano. Le cinéaste explique pour quelle raison : "J'ai perdu mon père à l'âge de 6 ans, et c'est ma mère qui nous a élevés mon frère aîné et moi. J'ai aussi deux cousines qui ont perdu leurs parents et avec qui j'ai quasiment grandi donc je pense que depuis toujours, je me suis demandé : 'C'est quoi, une famille ?'"
"Aujourd'hui, je n'ai toujours pas la réponse à cette question. J'ai l'impression que je ne la trouverai d'ailleurs jamais. Et c'est parce qu'aucun sujet n'est aussi complexe et passionnant que je continue à filmer la famille."
Puisqu'ils allaient devoir interpréter des personnages réels, Ryôta Nakano a demandé aux acteurs d'aller rencontrer la vraie famille Asada, dans la préfecture de Mie. Le metteur en scène voulait qu'ils voient la maison dans laquelle ils vivent, qu'ils découvrent la ville et qu'ils puissent échanger avec ceux qu'ils allaient incarner. Il précise :
"Sur le plateau, nous avons d'abord commencé par tourner les séquences des séances photos de l'album Asadake!. Je voulais qu'à travers ces shootings mettant en scène cette famille si originale, ils deviennent eux-mêmes naturellement une famille à part entière. D'ailleurs, même si ça n'a pas toujours été facile, cela a donné lieu à un travail collectif toujours empli de joie et de rires, et au terme de ces séances photos, je pense que les acteurs étaient véritablement devenus une famille."
Au début du film, l’histoire et le personnage de Masashi sont introduits par la voix off de son frère, mais le film se termine sur la voix de Masashi. Ryôta Nakano explique ce que signifie cette évolution : "L'histoire est structurée de telle sorte qu'on assiste à l'évolution du personnage de Masashi qui, au début du film, ne trouve pas de sens à sa vie et compte en permanence sur sa famille (et en particulier son frère aîné) pour le sortir d'affaire et qui, à la fin, s'accomplit en devenant photographe."
"Pour exprimer ce changement chez Masashi, je voulais commencer par le décrire et le raconter à travers la voix objective de son frère jusqu'à le faire se raconter lui-même, avec ses propres mots, à la fin du film."