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Hotinhere
548 abonnés
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2,5
Publiée le 18 novembre 2024
Le douloureux mais lumineux récit d’émancipation d’une jeune femme sénégalaise contrariée par les traditions de son village, servi par une mise en scène gracieuse mais manquant de rythme pour captiver.
Banel et Adama ont une relation fusionnelle même si on peut dire que le ciment du couple est Banel. Elle a toujours voulu Adam et elle a fini par l'avoir que ce soit grâce au destin ou autre chose même si cette piste est à peine exploitée. Banel vit pour son couple et cherche à s'affranchir de certaines traditions qui la limitent à son simple rôle de femme et de future mère. Cette émancipation des devoirs recherchée par les deux va avoir certaines conséquences. Entre les croyances religieuses et le dérèglement climatique, Ramata-Toulaye Sy laisse le public faire son choix lorsque les catastrophes s'enchaînent. J'ai aimé cette ouverture d'esprit avec beaucoup de possibilités d’interprétations avec cette foi qui peut être renforcée ou altérée par ce qui se passe, ou encore l'impact du monde sur ces gens qui sont les premiers concernés alors qu'ils devraient être les derniers étant donné leur mode de vie. Au-delà de l'histoire, ce qu'il y a de plus beau et de réussi dans le film reste cette photographie solaire avec des scènes à couper le souffle. Bref, un film d'une grande beauté sur un amour au pouvoir destructeur.
Le film est bien plus subtil que le simple affrontement de la passion amoureuse et des contraintes sociales. L'amour fusionnel des deux tourtereaux pose bien sûr problème quand il s'oppose aux obligations de chacun vis-à-vis, d'abord, de leur famille puis de la communauté, mais on découvre progressivement ses sombres ressorts et ce qu'il cache.
Ce film est injustement dévalorisé par la critique officielle. Je comprends bien que l'on déclare que la cinéaste traite d'un thème très fréquenté dans les arts africains : le heurt entre traditions et modernité. Je comprends encore que l'on pense que cet opus ne révolutionne pas l'histoire du cinéma africain. Et alors ? Par la beauté de son regard, cette réalisatrice a emporté à mes yeux toute réserve. Ce couple de jeunes gens qui s'aiment et qui doivent affronter les affres d'une sécheresse qui empoisonne la vie de tout le village est formidablement joué et la caméra chante la beauté de leur visage, de leurs expressions. Tous les plans sont réfléchis, sculptés, rien n'est en trop. Le film tisse les motifs de façon intelligente et la conclusion reste ouverte. Vraiment un très beau film.
"Un Triomphe Visuel : Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy !
Banel (Khady Mane) et Adama (Mamadou Diallo) sont un couple marié, unis par un amour profond et le rêve de quitter leur village natal au Sénégal pour commencer une nouvelle vie ailleurs. Cependant, Adama est confronté à la pression de sa famille, qui insiste pour qu'il assume le rôle de chef du village, conformément à la tradition.
Ce film est véritablement une pépite, offrant des images magnifiques, mettant en lumière des paysages pittoresques et des couleurs éblouissantes. La manière dont la lumière est utilisée pour sublimer les peaux noires est impressionnante et d'une grande justesse. La qualité exceptionnelle de la photographie et de la mise en scène mérite également d'être saluée, offrant au public une expérience visuelle captivante, avec des paysages envoûtants et une esthétique poétique.
Malgré sa cadence posée, ces éléments visuels créent une impression de beauté visuelle inoubliable. Le point principal à noter est que l'héroïne du film, Banel, présente des traits de caractère complexes. Au lieu de la percevoir simplement comme une femme africaine moderne cherchant à briser les chaînes des traditions pour vivre son amour en toute liberté, elle peut être vue comme une personne passionnée, parfois possessive, qui souhaite prioriser ses propres intérêts et influencer les choix de son mari, indépendamment de ses souhaits. C'est un choix de personnage intrigant. De plus, cette nuance dans le personnage peut également être interprétée de manière positive, montrant sa détermination à poursuivre son bonheur.
Hasard du calendrier de mon cinéma, au lendemain de la projection de L'Arbre aux papillons d'or, je voyais aussi ce soir un premier long-métrage retenu à Cannes, aux images somptueuses et à l'esthétique appuyée, en présence de la réalisatrice. Banel et Adama nous conte une histoire d'amour en langue peule dans un village aride du Sénégal. Le destin joue un rôle essentiel dans cette histoire, surtout lorsque Adama refuse de diriger le village et que la sécheresse s'installe. A mesure que s'exprime son amour absolu pour Adama, Banel glisse dans une démesure qui la fait entrer dans la tragédie, aux côtés des grandes héroïnes des amours trahies. Libre, elle refuse tout conformisme et seule la scène finale -superbe- lui donnera un décor à sa mesure... Comme toutes les autres figures de ce film, Khady Mane qui interprète Banel jouait la comédie pour la première fois. Elle est impressionnante. Après la projection de ce film, Ramata-Toulaye Sy a parlé de son film et répondu aux questions avec une détermination et une maîtrise captivantes. Elle a abordé une multitude de sujets liés à la conception du film, évoqué sa passion pour la littérature qui l'a amenée au cinéma, sa volonté de montrer une belle histoire en Afrique, hors du contexte de la migration ou du terrorisme, de mettre en images une femme puissante, de mêler tragédie et conte... Bref ! On attend son prochain film avec impatience.
Visuellement très abouti et le scénario aussi. Les personnages sont tout de suite très attachants même sans bcp de mots. Le film a la saveur d'un conte. On se rappellera de Banel et Adama comme de Roméo et Juliette ou Leïla et Majnu. Intemporel. Magnifique. Je recommande.
C' est un peu long, mais c' est le rythme en Afrique... Les images sont douces et belles.. Sur fond de dérèglement climatique, un jeune couple tente de s' affranchir des coutumes ancestrales, religieuses ou non... La force et la détermination de la femme iront seules jusqu' à la fin. C' est peut-être possible d' attendre de le voir sur Arte...
J'ai beaucoup aimé ce film! les prises de vue sont superbes, le rythme lent du film est en adéquation avec le rythme de la vie quotidienne des habitants; grâce à ce rythme, une osmose apparait entre eux et nous. Je comprends Adama qui, malgré son amour pour Bane, se sent responsable de sa tribu et des évènements naturels qui surviennent. Banel est obnubilée par son amour passionné pour Adama, rien d'autre ne mérite son attention; et puis, surtout, elle veut entamer une nouvelle vie, ailleurs; la finalité de sa nouvelle vie est toute autre que celle de procréer et de se cantonner aux travaux ménagers...
Film déroutant par sa narration, son décor et son scénario. J'en ressors admirative car les images et le son sont vraiment magnifiques, passant du lumineux au sombre au fur et à mesure que l'histoire d'amour se délite et se laisse ensevelir par le poids de la communauté et de la tradition. Le film est porté par le personnage Banel avec un jeu d'actrice assez exceptionnel. La fin du film peut laisser sur sa fin mais quand j'y repense, elle laisse surtout une perspective à nous spectateurs pour comprendre le sort qui était réservé à Banel. Franchement, il ouvre les chakras et change du cinéma qu'on a l'habitude de voir avec une vision de l'Afrique différente de ce qu'on a l'habitude de voir
Présenté en compétition officielle au festival de Cannes (2023), " Banel et Adama" est reparti la corbeille vide sans ce que celà émeuve la majorité de la critique.
C'est pourtant une réussite indéniable du cinéma sénégalais et on peut même dire du continent.
Certes, cette histoire présentée finalement comme une sorte de conte allégorique qui colle à la culture africaine et à son imaginaire propre, n'est pas forcément aisément compréhensible pour un imaginaire occidental.
A travers l'histoire d'un amour sincère et profond entre deux êtres réunis par les lois du hasard ( l'un a épousé, comme le veut la tradition, la seconde femme de son frère qui est décédé), le scénario propose un portrait de la culture locale.
"Banel..." nous montre par petites touches que la notion d'individu indépendant et libre de droit est une catégorie qui n'existe pas dans certains types de société.
Ce sont les droits de la communauté et les croyances ( certains événements naturels sont interprétés comme des messages envoyés par les dieux ou le dieu comme on voudra) qui prévalent sur ceux de l'individu définitivement restreint dans ses choix de vie les plus intimes.
On relèvera la qualité de la photo, de la mise en image, qui offrent au spectateur un spectacle de grande beauté, envoûtant, poétique, assez exceptionnel pour être souligné.
Dès les premières minutes on constate deux choses vis à vis de ce qu'a voulu la réalisatrice, d'abord par ses inspirations picturales dont on perçoit tout le soin apporté à l'image, au cadrage, aux plans comme des tableaux ou des photographies d'art. Le film s'avère bien plus bavard qu'annoncé, les silences et regards ne remplacent pas tant que ça les dialogues. Le film s'avère symptomatique de ces constats, mi-figue mi-raisin. Tourner en langue peule, au Sénégal, avec des gens du cru et en nous plongeant dans les us et coutumes d'un village de fermiers est intéressant mais la cinéaste se prend un peu les pieds dans le tapis. A force de s'appliquer à l'esthétique et à la photographie de son film Ramata Sy oublie sans doute que ses personnages sont des travailleurs de la terre, et qu'ils vivent quasiment dans un désert, on s'étonne donc de voir des personnages magnifiquement vêtu, toujours propres sur eux sans que le sable ou la poussière ne tâchent ou ne s'accrochent à quoi que ce soit ni à qui que ce soit. Par contre la cinéaste réussit sur un autre point, et on en revient à Banel : Banel devient de plus en plus bizarre ou intrigante. Le film devient passionnant et vire plus vers un drame psychologique. Un premier film qui reste prometteur et donc à voir et à conseiller. Site : Selenie.fr