La principale raison pour laquelle Abel Danan a décidé de faire du cinéma réside dans le fait de pouvoir raconter des histoires qui le touchent, et surtout qui ont une résonance particulière avec sa culture, sa famille et ses racines. Il explique : "Steven Spielberg disait que 'Les plus beaux scénarios possibles résident toujours dans les histoires de familles', et cette phrase a toujours eue une grande résonance en moi."
"Impossible donc pour moi de ne pas parler du Maroc. Le pays de naissance de mes deux parents, dans lequel vit toute ma famille, dans lequel je passais mes étés à grandir et qui, avec le temps, est devenu pour moi un puits sans fin d’histoires, d’anecdotes, de contes, mais aussi de récits plus sombres et effrayants."
Né en 1998 à Paris, passionné de cinéma et de culture japonaise, Abel Danan développe très rapidement le désir d’écrire et de réaliser. Après Coming Home, un premier court métrage sur le monde des yakuzas tourné à Tokyo en 2018, il signe l’année suivante, toujours au Japon, Love Cantana. Canines, son troisième court métrage, est présenté en compétition au Festival de Gérardmer 2021. La Damnée est son premier long métrage.
Dans la peau du personnage principal, nous retrouvons Lina El Arabi, une comédienne française qui s'est faite connaître auprès d'un plus large public grâce à la série de France 2 Philharmonia (2019), dans laquelle elle tient l'un des rôles principaux, celui de la tourmentée Selena.
On l'a depuis vue dans la série Netflix Family Business où elle campe Aïda, la petite-amie de Jonathan Cohen, le drame Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar, et la série d'action Furies, aux côtés de Marina Foïs et Mathieu Kassovitz.
À Casablanca, Abel Danana été élevé par sa grand-mère, qui s’appelle d’ailleurs Najiyah, comme la grand mère de Yara dans La Damnée. Fascinée par les histoires terrifiantes et les légendes urbaines, elle passait des nuits blanches à lui raconter des choses sur les esprits, les fantômes, les Djinns, et surtout sur les sorcières du petit village d’où elle vient : "Ce village dans lequel des femmes, suspectées et réputées « Sorcières » (Sahira en arabe), étaient isolées du reste du monde, payées pour jeter des sorts, puis souvent violentées et brulées vives."
"Ces histoires m’ont terrifié et passionné, et m’ont donné envie de faire de plus amples recherches sur le sujet, en France comme au Maroc. J’ai donc pu rencontrer des gens, récolter des histoires, enregistrer Najiyah et ses histoires, et réellement m’imprégner de ce folklore qui me fascine et m’effraye tant depuis l’enfance.Ainsi, j’ai pu collecter des photographies, des peintures, des vidéos et des enregistrements qui m’ont permis de commencer à écrire une histoire, et à développer des idées autour du personnage de Yara, de son passé et de sa famille."
À cette période, le monde était plongé dans la crise du COVID, et l’idée de développer cette histoire pendant la pandémie sur un personnage agoraphobe a séduit Abel Danan : "Comme Darren Aronofsky, Alfred Hitchcock, John Carpenter ou Satoshi Kon, des metteurs en scène qui comptent pour moi, l’idée de parler d’horreur, de claustrophobie et de la rendre encore plus insupportable dans un espace clos est un exercice de mise en scène qui a rapidement commencé à m’enthousiasmer, puis à me passionner..."
"L’idée de parler de ce folklore si précieux pour moi et de travailler dessus en le montrant était un vrai désir, une envie d’iconiser la culture si méconnue et pourtant si riche et fascinante des sorcières marocaines et d’en faire émerger des matières, des cauchemars, des monstres. C’est un film qui rassemble ma culture, mes origines, et qui s’inscrit dans le genre qui m’a donné envie de faire du cinéma, l’horreur sociale allant de Massacre à la tronçonneuse à The Witch."