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Fêtons le cinéma
685 abonnés
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3,5
Publiée le 19 août 2024
La mise en scène exécute une série de motifs géométriques, des travellings circulaires aux plans zénithaux cadrant les déplacements millimétrés ou la fixité des élèves, et traduit par l’esthétique l’adhésion progressive de ces derniers au programme nutritionnel de leur nouvelle professeure, Miss Novak, recrutée par les parents sans pourtant disposer d’aucun diplôme. La réalisatrice autrichienne Jessica Hausner brosse ainsi le portrait critique de l’instruction alternative réservée à une élite fortunée, expose les paradoxes de responsables légaux définis par leur ignorance et leur incapacité à offrir un cadre stable et à assurer une éducation à leur progéniture ; l’école apparaît alors telle une start-up de plus au sein de laquelle investir, où se réalisent des expérimentations perçues à la manière d’avancées et de privilèges, un espace identitaire – on traque d’ailleurs les parvenus – régi par l’argent, par la compétitivité et par la contrainte. Le récit dessine un piège qui se referme peu à peu sur des élèves raccordés à leur statut d’enfants par Miss Novak elle-même : son personnage, d’une belle complexité, confond sa classe avec une famille de substitution, son métier d’enseignant avec le rôle de sauveur, de Messie responsable de la bonne parole. Le long métrage se distingue par son approche clinique d’un phénomène de société, soit la haine de la nourriture émanant d’un milieu social qui trouve là une façon supplémentaire de se distinguer du tout-venant, soit l’éloge de l’esprit prétendument omnipotent sur un corps détesté, et par son refus de tout sentimentalisme, rappelant la patte d’un Michael Haneke auprès duquel Hausner a travaillé en qualité de scripte pour Funny Games (1997). Une réussite portée par des comédiens très convaincants.
La mise en scène est jolie et travaillée et le récit singulier, édifiant et captivant. Dommage que la fin soit quelque peu abrupte. L'ensemble reste intéressant.
Entre propos dangereux sur l'alimentation et parallèle provocateur entre secte et école. Sa réalisatrice pousse les curseurs à fond !
En résulte, une inconscience, tant des protagonistes que de la réalisatrice. Mon problème, son point de bascule, son manque d'ambiguïté de ses idéaux. Des "interludes" grotesques voire immondes, minimisant l'inquiétude et la dangerosité chez les parents et les spectateurs, jusqu'à sa séquence finale, onirique, prestestant une fin heureuse. Tout cela contraste avec son chef d'œuvre, son parallèle, l'école et la secte, l'incrédulité croissante.
Film a l'esthétique irréprochable et à la grande qualité de la photographie.l'originalité du thème abordé cache quelques faiblesse du scénario, mais on sort forcément un peu secoué et terrifié. Très bon casting européen.
Je ne m'attendais à rien en regardant ce film si ce n'est à voir un enseignement se transformer en une sorte de dérive sectaire. J'ai beaucoup apprécié les décors car ils reflètent un style que j'aime. Cependant, il ne faut pas s'attendre à des lieux chaleureux représentant les personnages. Bien au contraire, tout semble stérile, sous sachet. Comme la froideur des personnages, à qui l'on supprime le droit de penser, les échanges le sont également. Il est important de souligner que ce film dénonce et trouble. Beaucoup de personnes ont été écoeurés par une scène et moi de même, détournant le regard de l'écran en attendant que ça passe. Choquer pour mieux alerter ? ce n'était pas nécessaire. En revanche, c'est faire erreur de penser que la réalisatrice peut regretter cette scène. Elle a sa place pour démontrer le point auquel les personnes manipulées n'ont pas de limite. J'apprécie de voir qu'un message d'avertissement est placé en début pour souligner l'importance de ne pas visionner ce film si des troubles alimentaires nous possèdent. D'autant plus que l'introduction se base sur des faits physiologiques pouvant pousser au questionnement chez le spectateur. Pour ce qui est de la psychologie du film, il est compliqué d'éprouver une quelconque émotion concernant les élèves car nous ne voyons quasiment que les scènes de repas ou de cours. En revanche, il est assez évident d'éprouver une certaine révolte contre les parents qui sont soit impuissants soit en partie responsables de ce qu'il se passe, voire complices. Petite note pour l'acteur Mathieu Demy qui joue extrêmement bien.
J'ai adoré ! Effectivement c'est irritant oppressant insupportable agaçant... On ne comprend pas pourquoi les adultes qui entourent ces enfants ne réagissent pas plus vite. On a envie de baffer à la fois les gosses et les parents, on n'en peux plus de cette inexorable montée en pression ou descente aux enfers c'est selon.
Mais voilà c'est bien fait c'est intéressant et je le conseille vivement.
C'est perché, décalé.. ça nous invite à nous questionner sur beaucoup de choses si on en a envie.
Un film grinçant et jusqu'au boutiste, à l'esthétique minimaliste. Se voulant provocateur sur le rapport à la nourriture et les dérives écolo sectaires, le film atteint rapidement ses limites, la faute à une réalisation maniérée et répétitive.
Le sujet est intéressant mais la mise en scène répétitive ne m’a pas aidé à me captiver. Rythme lent, dialogue lent, des effets de zoom et de dézoom caméra répétés sur pratiquement tous les plans. C’est presque hypnotique. En fait , c’est un peu comme si on était en immersion dans une séance de pleine conscience. Regarder ce film, c’est un peu comme si on suivait une séance de méditation avec Christophe André, le gourou français de la pleine conscience.
Le film, dur, lent, vaut surtout pour son grand intérêt documentaire. Il existe en effet ( vérification faite) de dangereuses théories sur l'alimentation zéro, préconisant un être humain qui pourrait se nourrir que de lumière solaire. Évidemment, ça ne marche pas, et c'est très dangereux. Le thème de la manipulation mentale est aussi bien présenté.
Cette critique s’adresse essentiellement à ceux qui se demandent si, au vu des mauvaises notes presse et spectateurs attribuées sur allociné, « Club zero » vaut le coup d’œil.
La réponse dépend vraiment de ce que vous attendez d’un film. Si vous aimez être dérangé par ce qu’on force à regarder, que vous n’êtes pas rebuté par des sensations désagréables, que vous aimez le sens du détail, que les couleurs de l’affiche vous hérissent les pupilles autant qu’elles vous fascinent, et que vous êtes sensible aux métaphores sociétales, alors vous pouvez y aller.
Vous ne terminerez pas le film de Jessica Hausner en ayant envie de la remercier, vous ne vous direz pas non plus que son film est un chef d’œuvre, mais il se sera passé quelque chose de suffisamment original pour que vous puissiez lui concéder un (vrai et) certain talent de cinéaste.
N’attendez pas quelque chose de franchement réaliste, tout se joue sur une mise en scène très assumée dans son intention.
Voilà un film quelque peu troublant sur les troubles alimentaires. Miss Novak (Mia Wasikowska) est une jeune nutritionniste jusqu'au-boutiste qui va progressivement entrer dans la tête d'un groupe de lycéens d'une école privée en imposant un rapport assez radical à la nourriture. Ce récit est saisissant et fait écho aux injonctions de la société actuelle. L'emprise de cette gourou fait froid dans le dos avec des scènes assez perturbantes, mais aussi une petite dose d'humour bienvenue. Un film qui mérite d'être vu malgré sa musique entêtante et sa fin bâclée.
Ce drame illustre parfaitement le phénomène de l'emprise sur de jeunes gens en construction avides d'améliorer leur rapport à eux-mêmes ainsi que le sort de la planète: en partant de considérations nutritives exactes se tisse un rapport extrémiste avec l'alimentation, devenue le catalyseur d'une vie contrôlée, restreinte, purifiée. Montrant avec justesse les effets du jeûne sur le psychisme et le physique de ces adolescents en parallèle de la vénération de leur gourou auprès de qui se replient ses adeptes, le récit dénonce autant la manipulation inconsciente de celle-ci que l'hypocrisie, le déni, l'aveuglement de parents déficients, absents, pris dans leurs propres failles. Malgré une maladresse narrative spoiler: (l'attirance absolument dispensable de la femme envers son jeune disciple) , la pertinence descriptive de ce microcosme de notre propre société pervertie se pare de cynisme dans une ambiance étouffante voire malsaine que les coups de tocsin musicaux scandent avec une maligne délectation. Efficacement audacieux.
Un groupe d’élèves du campus des talents expérimente avec le nouveau professeur de nutrition un moyen radical de nettoyer son corps, grâce à l’ « Alimentation Consciente ». On ressort de ce film complètement abasourdi. Attention, à ne pas mettre devant tous les yeux. La réalisatrice assume son propos et va jusqu’au bout. Une réponse peut-être à la Grande Bouffe de Marco Ferreri ? Techniquement parfait, les thèmes abordés sont multiples : relation parents-enfants, rapport à la nourriture, religion, manipulation, sectarisme, défaillance de l’éducation, etc. Les décors, le casting, les cadrages, tout est ici parfait pour créer immédiatement chez le spectateur le malaise nécessaire à l’anticipation de ce qui va se passer. Comme dit la professeure, « le retour en arrière est impossible ». On avance inexorablement vers une chute que la réalisatrice a voulu forte, tout en la laissant en suspens.
"Club Zero" prend place dans une école d'élite sans spécification particulière qui ressemble à une cage dorée pour personnes aisées avec des élèves qui entre deux cours de danse, de théâtre, de chinois ou toute autre activité stimulante ont la possibilité de s'intéresser à la nutrition grâce à une nouvelle professeure. Madame Novak, qui est adepte du fidéisme, conseille une alimentation consciente pour manger moins, mais mieux pour la planète et d'autres raisons liées au consumérisme ou à notre système capitaliste. Si l'alimentation consciente existe réellement, Jessica Hausner montre comment une bonne intention peut évoluer en une pratique grotesque et dangereuse, et sans pour autant dénigrer un régime alimentaire en particulier puisque c'est surtout le charlatanisme qui est visé ainsi que ces gourous dangereux et manipulateurs. Entre analyse et satire sociale, "Club Zero" est un film intrigant, inquiétant et original, seulement il ne va pas au bout des choses. Du moins, je m'attendais à quelque chose de plus percutant et tranchant après cette solide mise en place. On a l'impression que le soufflé retombe au cours d'une dernière partie qui m'a laissé sur ma faim. Bref, c'est pas mal avec une esthétique soignée, mais je m'attendais à mieux.