Un film bien peu passionnant que ce Spy Games. Sorte de film d’espionnage de luxe sans relief, et sans rythme.
Je ne vais pas être totalement méchant, il y a quelques bons points à prendre tout de même en compte. C’est vrai, Robert Redford impose son charisme et une présence intelligente avec un personnage qu’il compose de façon ludique. Il est bien cependant le seul à tirer son épingle du jeu dans un film qui ne fait pas du tout la part belle à ses interprètes en ne leur confiant que des coquilles vides. Brad Pitt apparait peu et n’a pas grand-chose à défendre, si ce n’est une médiocre relation avec une Catherine McCormack invisible. Tout comme Brad Pitt difficile de dire si elle joue mal, tant le film la délaisse et ne lui permet pas de faire grand-chose avec un rôle qui manque de relief et de piquant. En somme, le film ne transporte guère sur l’écran l’attrait du casting sur le papier, et seul Redford tire son épingle du jeu, sans être non plus au sommet de son art.
Le scénario est peu enthousiasmant. Redford est dans un bureau, il raconte sa collaboration avec Brad Pitt, laquelle nous est présentée sous forme de flash-back. Nombreux, il donne une narration décousue et surtout peu passionnante. On a des bribes éparses de leur collaboration et de leur amitié, souvent avec une bonne dose de cliché (leur rencontre par exemple), sans vraiment de liant, et surtout avec un rythme faible. Pour du Tony Scott c’est loin d’être percutant, dynamique, c’est juste bavard. Ça parle beaucoup, c’est alambiqué, mais ce n’est pas accrocheur. Au final, le choix de faire un film d’espionnage très « psychologique » n’a pas été judicieux. Spy Games tourne à vide, trop souvent, jusqu’à sa chute qui est plutôt réussie, bien qu’assez invraisemblable.
Pour tuer l’ennui sans doute Scott nous trimballe aux quatre coins du monde au gré des flash-back du film. Le métrage a du budget, et il n’est pas esthétiquement franchement loupé, mais il n’est pas non plus réussi. Photographie abusivement grisâtre, décors finalement peu exotiques et authentiques (ils ne sont pas marquants), et Tony Scott propose une mise en scène plutôt brouillonne, ce qui apparait d’ailleurs dès la séquence d’ouverture, nerveuse mais peu claire. En revanche un bon point sur la bande son. Sinon il y a peu de scènes d’action, et sauf une, elles n’ont rien de spectaculaire. Le film a-t-il privilégié le réalisme ? Peut-être, mais ce n’est pas photogénique.
En clair je me suis bien ennuyé devant ce Spy Games, bavard et pourtant bien creux, qui semble n’exister que pour l’amusement d’un Robert Redford qui reste le seul véritable atout majeur du film, et nous promène avec une certaine habileté. 1.5