Cet été-là est tiré du roman graphique du même nom de Jillian (dessins) et Mariko Tamaki (scénariste). Paru en 2014, le livre a reçu le prestigieux prix Eisner en 2015. Eric Lartigau a été emballé à la lecture de la BD et a aussitôt appelé son producteur Alain Attal, qui lui avait envoyé un exemplaire, pour évoquer une adaptation.
Le réalisateur et scénariste a procédé comme il l'avait fait sur L'Homme qui voulait vivre sa vie, tiré d’un roman de Douglas Kennedy. "Je travaille par étapes : d’abord, je lis sans notes. Ensuite, j’y reviens, je stabilote tout ce qui me plaît, et j’en tire l’idée générale vers laquelle je veux amener l’histoire et les personnages [...]". Après avoir épuré et synthétisé le texte d'origine, il l'oublie pour raconter sa propre histoire : "L’idée, c’est de respecter la trame de l’auteur, et de garder une cohérence avec l’œuvre – sinon, quel intérêt ? Autant partir d’une page blanche... Mais l’histoire, je la raconte à ma manière."
Eric Lartigau a co-écrit le film avec Delphine Gleize, réalisatrice de La Permission de minuit et Beau Joueur. Il l'avait dirigée dans #Jesuislà. Ils se sont rencontrés en 2017, alors qu'il siégeait à la commission de l’Avance sur recette, devant laquelle elle présentait un scénario. Il lui a proposé à la sortie de travailler un jour avec lui sur un prochain film. Ils sont depuis devenus amis. Lartigau raconte : "Je connais Delphine depuis longtemps, et pour moi, il était évident que ce scénario s’écrirait avec elle. Elle a un humour et un détachement que j’adore, et en même temps, une grande capacité à être dans le présent et à analyser, de manière très fine, le monde qui nous entoure. Et son regard se fait sans jugement : elle est d’une profonde humanité."
Avec Cet été-là, Eric Lartigau voulait à nouveau traiter de la famille, un thème récurrent de sa filmographie : "Parce qu’on est dans la vie, parce que ça parle à tout le monde, et parce qu’il n’y a rien de plus chiant que la famille et de plus fabuleux en même temps (rires) ! Et ça, pour un réalisateur, c’est la possibilité d’aller aussi bien dans le drame que dans la comédie." La question de la transmission et de l'éducation l'intéresse particulièrement : "Être parent, c’est être un repère, proposer un axe, offrir un aiguillage possible... Mais sans demander à l’enfant de compenser un manque ou d’apaiser ses propres angoisses. Supporter qu’il en fasse ce qu’il veut, qu’il puisse s’en émanciper, de la manière la plus libre, la plus ouverte qui soit, et sans jamais le juger. C’est l’art du dosage, et il est délicat. Comme homme, comme fils, comme père, ça me fascine."
Pour trouver les interprètes des deux petites filles, Dune et Mathilde, la directrice de casting Elsa Pharaon a posté des annonces sur les réseaux sociaux. Parmi les trois mille messages qu'elle a reçus, elle a visionné une centaine d’essais pendant le confinement. Rose Pou Pellicer et Juliette Havelange se sont d'emblée détachées du lot. "On a organisé un premier zoom, et puis on s’est rencontrés tous les trois, à Paris. On a commencé par discuter de tout et de rien. Je voulais les entendre parler de leurs envies, de ce qui les animait, de leurs centres d’intérêts... C’était un moment joyeux, léger, très rigolo. Elles étaient d’une grande fraîcheur et peu à peu, la timidité s’en allait : c’était hyper joli à observer. Au bout d’une trentaine de minutes, j’ai pris ma caméra et j’ai commencé à filmer. En sortant, je savais que j’avais mon duo", se souvient le réalisateur.
C'est la troisième fois qu'Eric Lartigau dirige Marina Foïs, après Un ticket pour l'espace et L'Homme qui voulait vivre sa vie. Au sujet de son ex-compagne, il déclare : "ce que j’aime, chez elle, c’est sa capacité d’écoute, son intelligence du personnage, et sa force de proposition. Elle a, par ailleurs, un éventail de jeu qui la fait très facilement passer du drame à la comédie : son visage peut être lumineux, ou dur, complètement fermé." Quant à Gael García Bernal, il l'avait rencontré au Festival Lumière grâce à Thierry Frémaux : "on a passé des nuits entières à se marrer, je l’ai tout de suite beaucoup aimé. Il a une intériorité, une forme de mystère, et un regard toujours très beau sur les gens... Il est foncièrement bon, or il fallait que son personnage le soit pour rester, malgré ces deux années compliquées, auprès de Sarah, et en être toujours amoureux. [...] Et puis Gael amenait un peu d’étranger, d’étrangeté, avec cette langue espagnole si sensuelle, si vivante, si chantante – c’est tellement sexy de les entendre parler, Angela et lui".
Eric Lartigau revient sur les précautions qu'il a prises avec ses deux actrices principales, âgées de dix ans au moment du tournage : "Parler fort, pousser des gueulantes, faire de grands gestes, on évite : on est pas avec des objets en cire, mais pour elles, l’intensité en aurait été multipliée par dix. Or, mis à part le fait qu’il est hors de question de les abîmer, il faut faire attention à ne pas perturber leur concentration. À cet âge, c’est le principal problème : il faut qu’elles soient complètement là, sinon, tout d’un coup, le regard s’en va, sur le visage, plus rien ne s’imprime, il n’y a plus rien."
Le plan de travail a été étiré d'une dizaine de jours supplémentaires, car les jeunes comédiennes ne pouvaient pas légalement travailler plus de six heures quotidiennement. Elles ont été accompagnées par un coach, Lucas Lecointe, qui "était auprès d’elles nuit et jour et leur avait créé un programme sur mesure, hyper varié, fait de jeux ou d’exercices, pour qu’elles soient en éveil, sans être crevées. Qu’elles soient à l’heure le matin, mais reposées."