Le film a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021.
Journal de Tûoa est né de l’impossibilité pour Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro de mener à bien les projets sur lesquels ils travaillaient. Marqués par la manière « lamentable » dont le Ministère de la Culture portugais a géré la crise que traversait le secteur artistique pendant le confinement, les deux réalisateurs, ainsi que Crista Alfaiate et son compagnon Rui Monteiro, ont décidé lors d’une discussion de faire un film ensemble, le plus vite possible afin de sortir de leur isolement.
Né dans la spontanéité et l’immédiateté, Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro ont pu lancer Journal de Tûoa sans scénario, sans histoire et sans personnages grâce à l’appui de leurs producteurs : « il n’y avait pas le temps de chercher des financements. Ils ont tout de même convaincu la télévision portugaise de s’engager dans le projet. » Deux mois et un test PCR plus tard, l’équipe (composée de 16 personnes, dont trois acteurs) s’est enfermée pour 6 semaines (dont 4 pour tourner) à Sintra, à quelques dizaines de kilomètres de Lisbonne, dans une propriété qui avait été autrefois une ferme avicole.
Tourné dans l’ordre chronologique, le film est monté à l’envers. D’où le titre « Tûoa », qui est « août » à l’envers (Otsoga dans le titre original portugais). Les réalisateurs reviennent sur cette distorsion du temps : « La pandémie et le confinement ont altéré notre perception du temps. Au sortir de ce que nous avons vécu, il fallait faire un film qui remette en cause la linéarité et qui travaille la répétition, la suspension, la discontinuité… sans pour autant s’embarquer dans une structure complexe et baroque. Avec un journal inversé, nous pouvions atteindre cette sensation d’altération du temps de la manière la plus simple possible. C’est vraiment un film très simple. »
S’il relate la fiction d’une improvisation au jour le jour, Journal de Tûoa n’a pas été improvisé pour autant. Les réalisateurs détaillent le processus d’écriture : « La première semaine, nous avons exploré notre décor avec Mariana Ricardo, la scénariste avec qui nous avons travaillé à ne pas écrire de scénario. Sur un grand tableau effaçable, nous avons posé les bases d’une structure en deux parties, faite de répétitions et de variations. La deuxième semaine, les acteurs nous ont rejoints et nous avons travaillé avec eux des improvisations. La troisième semaine, l’équipe technique était au complet et nous avons commencé à tourner. »
Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro, les deux réalisateurs, sont en couple à la ville. Fazendeiro était d'ailleurs enceinte durant le tournage et devait parfois rester alitée.