Dernier film en date d’Adrian Lyne qui évolue typiquement dans le genre qui a fait sa gloire, et livre avec Infidèle un métrage correct, mais qui n’a rien de spécialement mémorable non plus.
Formellement, Lyne fait du Lyne, et il s’en sort bien. A l’inverse d’autres de ses métrages, ici il y a une réelle perspective atmosphérique, avec une scène de rencontre particulièrement étrange et onirique ! Doté d’une photographie élégante, de décors très corrects, d’une mise en scène soignée, Infidèle est un film raffiné, mais qui a aussi les défauts du réalisateur, à savoir qu’il est aussi trop classicisant. Même si la mise en scène échappe aux conventions de temps en temps, dont lors de cette rencontre, en revanche si l’on prend le film dans son ensemble ça reste du cinéma académique un peu frustrant. On le voit notamment lors des scènes d’amour, réellement très lisses ! En clair, pas de grosses audaces de réalisation, Lyne n’est pas un fantaisiste, ou rarement, et ici il reste sur des conventions trop visibles.
Le casting est emmené par un trio d’acteurs surtout, avec Richard Gere, Diane Lane et Olivier Martinez. Ils sont tous les trois très bons, avec un Richard Gere à son aise dans le registre, et une Diane Lane pertinente. Olivier Martinez assume bien son rôle de séducteur, et je ne doute pas que bien des spectatrices le trouveront d’ailleurs fort charmant ! En fait les acteurs sont bons, c’est indéniable, mais les personnages restent lisses et attendus. Gere est parfait mais il dérape, Martinez c’est un Casanova, Diane Lane une bourgeoise qui a envie d’aventure, bref, c’est réellement les conventions du genre qui s’exprime ici. Heureusement que l’interprétation a de la finesse pour permettre tout de même au métrage de se démarquer.
Le scénario est finalement assez bien conduit. Infidèle, en dépit de son manque d’action et de plusieurs passages là aussi attendus, est étrangement doté d’une narration séduisante, et on se laisse aisément conduire dans ce métrage de presque 2 heures. Fluide, doté de dialogues plutôt fins, apportant un rebondissement marquant au bon moment pour permettre au film de prendre un tournant, Infidèle est un mélange que certains trouveront un peu bâtard à cause de cela, mais je trouve que ça donne un certain relief au film. Finalement, Infidèle n’a pas la lourdeur peu digeste d’un Liaison fatale, et prend pourtant des chemins parfois assez proches. Ne cherchant pas à forcer le trait outre mesure, il s’en sort plutôt honorablement.
A souligner aussi un bon choix de partition musicale, comme souvent chez Lyne.
Pour ma part Infidèle m’a paru être un film de qualité tout à fait correcte. Je regrette que le réalisateur encore une fois cherche à nous offrir un thriller sensuel trop académique, trop policé, sur un sujet qui aurait mérité tellement plus de rugosité. C’est un film esthétisant qui n’échappe pas du tout aux conventions, mais il a une réelle efficacité, et cela permet tout de même de passer un moment sympathique. 3.