Cécile Telerman s'est inspirée de sa propre relation avec son chat, dont elle avoue "être totalement gâteuse", pour écrire Ma langue au chat. Avec son mari, elle possède une maison dans un village du Sud-Ouest où elle a l'habitude d'amener son animal de compagnie. C'est en observant sa relation fusionnelle avec son chat que le scénariste Xavier Daugreilh a eu l'idée d'un pitch. "Que se passerait-il si j’invitais des amis à la campagne et qu’un d’eux écrasait mon chat par mégarde ? Cela remettrait-il en question mon amitié avec lui ? On a gambergé et on s’est dit qu’on tenait peut-être là un bon début et, même, pourquoi pas, un ressort de comédie à suspense", se souvient la réalisatrice.
La réalisatrice a voulu traiter de la ménopause, une période charnière pour les femmes : "Peut-être parce que j’étais passée par là, j’ai eu envie de parler des femmes de plus cinquante ans, celles dont les hormones font des leurs et qui sont fatiguées, désenchantées et souvent d’humeur sombre. Ce n’est pas très marrant d’être à ce tournant de la vie où les réalités sociales et biologiques semblent prendre le pas sur les désirs." Elle ajoute : "Mais en même temps, restons mesuré, la ménopause n’est pas une maladie, juste un passage qui, avec du recul et de l’humour, peut donner lieu à des situations cocasses et drolatiques. On peut donc s’autoriser à en parler, sérieusement, mais avec légèreté."
Ma langue au chat est une comédie sociale sur les problèmes de la cinquantaine, qui repose sur les ressorts d'une enquête policière. Cécile Telerman voulait faire un thriller depuis longtemps mais "on me rétorquait que mon truc, c’était les films de femmes et que, dans mon intérêt, je devais y rester." Avec ce long-métrage, elle peut franchir cette ligne qu'elle n'osait franchir : "une femme enquête pour découvrir la vérité sur la disparition de son matou chéri, et quand cette vérité éclate et que les masques tombent, elle en découvre de belles sur le mal-être de ses copains et sur la façon dont ils s’arrangent avec eux-mêmes pour cacher leurs bobos existentiels."
Cécile Telerman a dû faire preuve de patience pour diriger Max le chat, qui "avait heureusement un péché mignon : il adorait le melon. Dès qu’on voulait qu’il aille quelque part, on en planquait à l’endroit où il devait se rendre. On en mettait même dans ses croquettes ! Ça a marché assez bien, sauf pour une scène, qui se déroulait dans la chambre de Zabou et de Pascal Elbé : il a filé sous le lit. On a attendu une heure dans le silence qu’il ressorte. Comme je ne pouvais pas m’offrir le luxe de dépassements, j’ai failli laisser tomber et perdre ma bonne humeur. La prochaine fois, je ferai un casting et je choisirai un matou sociable et affectueux."
Ma langue au chat a été tourné à Colonzelle, un village de la Drôme, à côté de Grignan. À l’exception de Zabou Breitman, tous les comédiens logeaient à Grignan dans le même hôtel, qui n'avait été rouvert que pour eux durant le confinement.
Avec Ma langue au chat, Cécile Telerman réalise à nouveau un film choral après Tout pour plaire, Quelque chose à te dire et Les Yeux jaunes des crocodiles : "Pour moi, la vie n’aurait aucun sens si je la passais seule ou seulement à deux. Il faut qu’autour de moi, ça vibre, ça échange, ça s’engueule, ça aime, etc. Je crois que je serais bien incapable de concevoir mes films autrement que j’appréhende la vie."