Premier long métrage de la réalisatrice finno-suédoise Johanna Pyykkö, « Mon parfait inconnu » se passe en Norvège, à Oslo… Ebba travaille le soir, dans le quartier du port, comme agent d’entretien dans des bureaux de standing et chez des particuliers d’un quartier résidentiel d’Oslo. Elle se retrouve chargée de garder pendant l’été, à la demande des propriétaires, la belle villa où elle est logée en sous-sol…Elle investit bientôt la maison, conduit la voiture de propriétaire, sirote leur whisky, essaye de s’incruster chez des voisins fêtards…
Un soir en rentrant de son travail, elle tombe sur les docks, sur un inconnu titubant qui se réveille amnésique… la voici qui profite de l’amnésie de celui-ci pour leur concocter une mascarade de vie de couple, basée tout entière sur le mensonge. Elle lui affirme alors qu’elle est sa petite amie, le recueille dans la maison qu’elle dit appartenir à sa famille…Une toute jeune fille d’extraction modeste, probablement en rupture de scolarité, qui à force de mensonges, se forge une vie de rêve, et même un homme de rêve, le temps d’un bel été…Tel est le sujet, original et troublant de ce premier long métrage…le parfait inconnu se révèle être bulgare, peut-être au passé trouble, lui-même en quête de soi, et contre-enquête sur cette compagne providentielle.
Seulement, le petit jeu malsain ne prend pas : l'atmosphère anxiogène instaurée dès les premiers instants du film, par une bande-son aussi épaisse qu’appuyée, et le recours à des visions dissonantes et fantasmatiques, pour installer un malaise plutôt que le mettre en scène retombe rapidement à plat, la tension est fugace, et aucun regard critique n'est finalement posé sur les actes d'Ebba.
Par le format carré de l'image, sensé enfermer l'héroïne dans ses mensonges et des effets de montage brouillant la réalité, « Mon parfait inconnu » utilise des moyens purement cinématographiques pour explorer une relation amoureuse basée sur la manipulation et le mensonge. Intrigant et frustrant... Mais hélas, le récit s'essouffle et ne tient pas toutes ses promesses. Cela reste un thriller psychologique assez tordu !! La jeune Camilla Gode Krohn, sous ses traits blonds et juvéniles, cache en effet un monstre de manipulation prête à tous les sales coups pour préserver son rêve conjugal de midinette…Elle impressionne face au convaincant Radoslav Vladimirov…d’autant que c’est son premier film… mais le dénouement m'a laissé perplexe…