Décidemment le cinéma français se porte de mieux en mieux en cette rentrée 2022/23.
Si vous avez détesté Champagne ! vous allez adorer "La Dégustation" né de la frustration de ne pas pouvoir faire tourner ce succès théâtral parisien pour cause de covid.
L'histoire quant à elle reste identique : Divorcé du genre bourru, Jacques tient seul une petite cave à vins, au bord de la faillite. Hortense, engagée dans l'associatif et déterminée à ne pas finir vieille fille, entre un jour dans sa boutique et décide de s'inscrire à un atelier dégustation...
A la manœuvre l'auteur de la pièce Ivan Calbérac qui nous avait déjà offert une belle adaptation ciné d'une autre de ses pièce à succès "L'étudiante et Mr Henri".
Ses films sont traversés par une légèreté grave et des petits accents de lumières par lesquels passent l'émotion.
C'est magnifiquement dialogué et la photographie soignée montre une fois de plus son amour pour ses acteurs.
Preuve de l'authenticité de l'aventure, les 5 rôles principaux sont interprétés au cinéma et au théâtre par les mêmes comédiens/acteurs.
Pas une once de vulgarité mais pas de simplification forcée non plus dans le déroulé du scénario et l'étude psychologique des personnages
Au delà d'une ode au doux breuvage que les français ont plutôt bien réussi à placer au centre de toutes les tables de la planète, c'est une réflexion sur la solitude des êtres et à l'importance du lien pour arriver à "goûter" et apprécier les choses de la vie.
Bernard Campan fait un assez beau parcours en tant que comédien, se bonifiant film après film. Isabelle Carré respire d'intelligence et illumine d'une élégance bien française. Les seconds rôles sont tout aussi solides et l'ensemble donne un alliage convaincant que je vous invite à allez déguster !!!! - je sais c'est facile comme fin... du coup je vous offre ces quelques lignes de Baudelaire - citées en partie dans le film.
Mathieu Bourgois Pictures
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ENIVREZ-VOUS
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXIII*