Avec Mastemah, Didier D. Daarwin signe son premier long-métrage. En 1990, il a créé avec son ami et associé Stephan Muntaner le studio de design marseillais « tous des K », un collectif de graphistes, réalisateurs, photographes et plasticiens qui travaille depuis plus de 30 ans à l’identité visuelle, aux clips et aux pochettes du groupe IAM, entre autres. En 2008, il co-réalise le téléfilm France 2 Conte de la frustration avec Akhenaton puis le documentaire musical Marseille Capitale Rap - D’IAM à JUL en 2020 pour France 5.
C’est le producteur Thierry Aflalou qui a élaboré les premières bases de Mastemah, après avoir séjourné dans une maison d’hôtes située à Aubrac et reprise par Didier D. Daarwin il y a quelques années. Il s’y était senti très angoissé, comme l’explique le réalisateur : « La région, bien que d’une beauté sauvage à couper le souffle, peut être aussi parfois très anxiogène. Suite à ses insomnies, il m’avait alors fourni un pitch, une idée originale en neuf pages, d’un texte traitant de l’Aubrac, de l’hypnose, de la présence du diable, des rapports entre possession et hypnose que lui avaient inspirés son séjour et ses cauchemars, en me proposant d’y réfléchir. »
À partir des bases de Thierry Aflalou, Didier D. Daarwin a travaillé sur plusieurs versions du scénario puis a été rejoint par la coscénariste Johanne Rigoulot. Le réalisateur précise : « Au bout de neuf ans d’écriture, ponctués par d’autres projets professionnels, on s’est enfin lancé dans l’aventure lorsque La Company de Camille Trumer, homme providentiel s’il en est, et ancien Directeur Général de StudioCanal, est entré dans la boucle au côté de Thierry Aflalou pour coproduire le film. »
L’Aubrac est un personnage à part entière du film. « L’Aubrac peut faire penser aux steppes de Mongolie, aux landes d’Écosse ou d’Irlande. Très peu de régions ont aussi peu changé au fil des siècles, le temps n’altère rien et c’est grâce à ces paysages immuables que le film est délibérément atemporel », déclare le réalisateur.
Mastemah interroge la frontière entre la psychiatrie et le mysticisme, la rationalité et la possession. « Combien de malheureux ont péri sur le bûcher ou sous la torture parce qu’ils avaient un réel trouble psychique qu’on imputait alors arbitrairement à une pactisation démoniaque ? Avec le progrès et la science, on est passé d’un extrême à l’autre et tout ce qui relevait de la démonologie est devenu irrationnel. Pourquoi n’y aurait-il pas un juste milieu entre le tout rationnel et le tout mystique ? » se demande le réalisateur.
En hébreu, Mastemah signifie animosité, inimitié.