Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2022, où il a obtenu le Prix du Jury.
Felix Van Groeningen, réalisateur notamment d'Alabama Monroe et de My Beautiful Boy, a mis en scène Les Huit Montagnes avec sa compagne, Charlotte Vandermeersch. Celle-ci a fait pour l'occasion ses débuts à la réalisation. Elle avait déjà collaboré à l'écriture d'Alabama Monroe et devait à l'origine en faire de même sur ce film. Mais le couple a traversé une dure crise lors du premier confinement et a vu dans ce projet une façon de surmonter ses difficultés : "D’une certaine façon, nous nous doutions qu’adapter cette histoire, si belle et si pure, pourrait nous permettre de guérir. Et ce fut le cas. C’est une histoire d’amitié, mais nous l’avons abordée comme une histoire d’amour." Charlotte Vandermeersch se souvient qu'au printemps 2020, après quatre mois d'écriture, son compagnon lui a proposé de réaliser le film avec lui : "Depuis, nous n’avons cessé de grimper et redescendre ce sommet ensemble."
"Nous voulions faire un film épique, raconté en une série de gestes infimes. Une ode à la fragilité et à la force de tout être vivant, qu’il s’agisse d’un humain, d’un animal, d’une plante ou d’une montagne. Sans une once de cynisme", affirment les réalisateurs. Il s'agissait pour eux de retracer l'amitié entre "deux jeunes garçons qui deviennent des hommes. Les choix différents qu’ils font dans la vie les inspirent, ils sont comme un miroir l’un pour l’autre, qui les pousse à s’interroger sur ce qu’ils veulent vraiment dans la vie. C’est une amitié tendre, fondée sur le respect mutuel, et où la compétition n’a pas sa place. Même si ce n’est pas toujours facile, chacun respecte la liberté de l’autre."
La nature tient une grande part dans Les Huit Montagnes, à l'instar du livre de Paolo Cognetti dont le film est adapté. Pour les réalisateurs et scénaristes Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, travailler sur le film leur a permis d'échapper au confinement lié à la pandémie de Covid-19 : "Nous sommes restés confinés en ville pendant la pandémie, et comme à tant d’autres personnes cloîtrées chez elles, les grands espaces nous manquaient terriblement. [...] En écrivant, nous avons eu la chance de vagabonder entre les montagnes dans notre imagination." Ils sont toutefois conscients de leur rapport ambivalent à la nature : "nous éprouvons le besoin de nous y plonger, avant de finalement retrouver la ville, ses supermarchés, ses théâtres, ses bars, sa foule et ses voitures."
Bien que belges, les réalisateurs ont tenu à tourner en Italie et en langue italienne. Ils voulaient respecter l'authenticité du récit de Paolo Cognetti, qui se déroule dans la vallée d'Aoste. Ne parlant pas italien, ils se sont hâtés de l'apprendre : "Nous adorions déjà le pays, ses habitants, sa culture, son histoire. Mais pendant tout le développement et le tournage du film, nous avons pu profiter de l’accueil chaleureux et de l’aide précieuse des Italiens, y compris nos généreux producteurs, qui nous ont laissé la liberté d’adapter comme nous l’entendions ce livre qui avait rencontré un succès considérable en librairie. Cette aventure s’est rapidement muée en une magnifique idylle belgo-italienne."
Les deux rôles principaux sont tenus par Luca Marinelli et Alessandro Borghi, deux acteurs italiens qui sont amis dans la vie et qui avaient déjà tourné ensemble. Un choix évident sur le papier mais qui ne l'était pourtant pas pour les réalisateurs, qui ont passé beaucoup de temps à constituer le casting du film : "D’entrée de jeu, les deux acteurs se sont naturellement identifiés au rôle de l’autre ; il nous a fallu un peu de temps pour comprendre que Luca serait notre Pietro et Alessandro notre Bruno, et non l’inverse."
Les réalisateurs ont fait appel au musicien suédois Daniel Norgren pour la bande-originale du film. "Il était notre premier et unique choix. Nous ne le connaissions pas personnellement au départ, mais quand nous l’avons rencontré, nous avons tout de suite senti que notre intuition était la bonne." À l'instar du personnage de Bruno, le compositeur vit à l’écart de la foule, dans les bois, sur une montagne où il a construit lui-même sa maison et son studio d’enregistrement. S'il a d'abord été enthousiaste à la lecture du scénario, Norgren a ensuite décliné la proposition de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, découragé face à la charge de travail que cela représentait. Plus tard, les réalisateurs lui ont demandé l'autorisation d'utiliser ses compositions pré-existantes. Il a accepté, puis il leur a proposé d’autres compositions inédites.