Un an, une nuit : les secrets du tournage

Le producteur Ramón Campos était à Paris avec sa famille dans un restaurant lors des attentats du 13 novembre 2015 : "Comme la plupart des gens, j’ai passé la nuit à regarder les infos, et le lendemain, j’ai décidé de me rendre sur les lieux visés par les assaillants. J’ai été surpris par le silence qui régnait dans les rues et par l’air méfiant des gens que je croisais. Les images de ce matin se sont gravées dans mon esprit. J'ai été hanté par les attaques du 13 novembre et j’ai senti le besoin de lire, de voir et d’écouter tout ce que je trouvais à leur sujet."

Un an, une nuit est adapté du livre Paz, amor y death metal de l’Espagnol Ramón González. Quand il l'a découvert, le producteur Ramón Campos en a entamé la lecture avec une certaine appréhension : "au bout de quelques minutes, alors que je n’avais lu que quelques pages, j’ai pris conscience que mes craintes étaient infondées. Le livre parlait des conséquences de l’attentat sur la vie d’un couple qui était au Bataclan ce soir-là, Ramón et Céline, et de leur tentative de surmonter ce qu’ils avaient traversé pour retrouver une vie normale. C’était un récit positif, une ode à la vie, un cri lancé aux terroristes pour leur dire « votre violence ne nous atteindra pas. »"

Avant même de contacter l’éditeur pour obtenir les droits de Paz, amor y death metal, Ramón Campos avait en tête Isaki Lacuesta pour réaliser l'adaptation du livre : "Isaki est réputé pour l’humanité qu’il insuffle à ses personnages. Les récits dans lesquels ces personnages évoluent sont prêts à livrer leur âme au spectateur, mais Isaki évite soigneusement tout sentimentalisme." 

Pendant la préparation du film, l'équipe a rencontré des victimes, des membres de leur famille, la BRI, des membres des équipes de secours et des pompiers, etc. Mais elle a surtout passé beaucoup de temps avec Ramón, Mariana, Iván et Marie, les quatre amis qui ont assisté au concert du Bataclan. Ceux-ci ont accompagné le projet tout au long du tournage dans le travail avec les acteurs et dans les échanges avec l’équipe des décors et de la photo. Le réalisateur se souvient : "En écoutant le témoignage intime, direct, nerveux, de Ramón et Mariana, nous avons mieux compris la sincérité absolue des détails qu’ils nous livraient. Leur récit nous a rappelé qu’il fallait que ce film s’adresse à tous, qu’il devait s’agir d’une exploration du traumatisme, de l’identité, de l’amour, du deuil."

Le réalisateur avait en tête Nahuel Pérez Biscayart et Noémie Merlant dès l'écriture du scénario : "Ils savent tous les deux capter l’attention du spectateur en suscitant son empathie et font preuve d’une grande précision dans leur jeu en exprimant leurs émotions avec nuance et subtilité. Pour autant, quand on les voit à l’écran, on a le sentiment qu’ils improvisent et qu’ils ne jouent pas."