Un récit qui fait du bien en effet puisque je lis ici ou là que ce film « A mon seul désir » est qualifié de feel good movie.
Il fait du bien parce qu’en ces temps où le regard de l’homme porté sur le corps nu féminin passe pour de la grossièreté voire de la perversion, « A mon seul désir » prouve que les hommes peuvent bien se conduire ; poser un regard dénué de vulgarité ou de pensées graveleuses.
Il fait du bien aussi parce qu’il est question de femmes qui aiment ce qu’elles font, de leur droit à disposer de leur corps, de leur droit au désir, de leur droit à susciter du désir.
Il fait du bien car à aucun moment, la représentation du sexe est sali. Tout est sain. Le spectateur n’éprouve aucune gêne pour ces femmes qui s’exhibent avec joie et liberté. Il n’y a aucunement lieu de les plaindre, d’évoquer je ne sais quel argument de condition sociale défavorisée qui les ont conduites à exhiber leurs corps.
Le spectateur que je suis ne ressent aucune contrainte, aucun stress, au contraire, ces femmes dégagent une puissance de liberté, d’amour au sens large.
Il fait du bien parce que c’est avant tout le point de vue d’une réalisatrice, Lucie Borleteau. Il est peut-être idéalisé (je n’ai jamais franchi la porte d’un strip-tease) mais il est idéalisé par une femme. Evidemment, elle ne peut pas occulter quelques comportements agressifs. Il faut bien crédibiliser cette idéalisation.
Quoi qu’il en soit, que n’aurait-on pas dit si c’était idéalisé par un homme.
Que dis-je « fantasmé » par un homme !
Enfin, il fait du bien car la réalisatrice ne porte aucun jugement sur qui que ce soit, ni sur ces femmes qui vivent de leurs corps ni sur ces hommes (souvent solitaires) qui les regardent.
A l’heure actuelle, avec #MeToo, les affaires de harcèlements sexuels, les chasses aux sorcières, des viols étouffés et avoués, les lettres ouvertes au droit d’être draguées, où tout est précaution de langage et où tout est préjugés « A mon seul désir » est un film audacieux. Il permet de réconcilier le regard des hommes portés sur les corps nus des femmes sans pensées malsaines, sans obscénité.
Lucie Borleteau brode autour de ces femmes - soeurs une histoire d’amour prenante entre Mia et Aurore.
Certes, on peut regretter que la réalisatrice glisse vers la prostitution. Une prostitution de luxe quand même et volontaire.
Comme quoi elle n'idéalise pas tant que ça son point de vue.
Elle évite une hypocrisie.
Mention aux deux actrices Zita Hanrot et Louise Chevillotte pour s’être dévoilées corps et âme, donnant du crédit à ce récit subtilement érotique et sain.