Bon on ne va pas se mentir le film a tout fait pour attirer son public, titre racoleur, affiche aguicheuse, Louise Chevillotte et Zita Hanrot à la distribution (et vu le sujet on avait sans doute la promesse de les voir dans leur plus simple appareil), mais on me la fait pas à moi... J'ai vu le nom de la réalisatrice... Je savais que ça allait être un genre de film d'auteur bien moins racoleur que ce qui est vendu...
Et je me suis dit, pourquoi pas, ne jugeons pas un film à son affiche...
En fait ça aurait été bien mieux si ce qu'il y avait sur l'affiche était ce que l'on avait parce que c'est sacrément nul, s'en est même assez désolant... Alors il y a plein de problèmes, mais le premier problème, avant même la mise en scène est un problème d'écriture, les personnages et les situations sont improbables au possible. En fait le film est écrit comme si Lucie Borleteau avait connaissance de ses propres limites de mise en scène et savait qu'en fait elle n'arriverait à faire passer aucune idée par le cinéma et allait devoir tout dire, tout expliciter.
Toutes les interactions sont mécaniques, il n'y a jamais réellement d'alchimie entre les actrices, on sent que le film essaye péniblement de raconter un truc entre deux gros temps morts où on se fait sacrément chier... Mais alors ce qu'il tente de raconter, j'en sais rien... Sans doute un truc du style les femmes doivent se prostituer pour devenir libre ? Si c'est pas ça c'est un truc du genre.
En fait le film est bête, on sent qu'il n'est pas maîtrisé, que ça se veut à la fois une histoire d'amour tragique, un film amoral sur des femmes libres, mais en réalité c'est surtout une guimauve un peu nulle avec une amourette qu'on a déjà vue mille fois et qui manque de passion. Le pire c'est que j'adore les deux actrices (Chevillotte chez Garrel père et Hanrot dans Paul Sanchez) mais elles sont fades quoi, leur histoire on y croit pas une seule seconde. Les filles elles se rencontrent et directement elles sont meilleures amies. Mais ça ne marche pas comme ça, faut le faire ressentir...
Et globalement le film peine à faire ressentir quoique ce soit. Je veux dire qu'on est dans un film sur un club de strip tease, qui décide de ne pas le traiter négativement (le seul truc un peu négatif c'est un client au tout début et une danseuse qui se comporte pas super gentiment avec les autres) et qui nous dit même au début qu'il faut de la lenteur pour créer le désir...
Vous le voyez venir ? Jamais le film n'ose se poser un peu pour filmer ses numéros et faire ressentir un truc (de l'érotisme, du dégoût, que sais-je...) Tout est un filet d'eau tiède, fade au dernier degré, alors qu'il a à sa disposition sans doute deux des plus belles actrices qui soient... Je ne comprends pas ce ratage, comment on peut échouer à ce point là.
Au lieu de multiplier les numéros, les séquences de sexe, fais-en une bien, où on voit qu'il se passe un truc entre les personnages.
En fait j'ai l'impression que le film déroule sans jamais surprendre parce qu'il montre ou par son traitement. Mais je crois que là où je suis le plus gêné c'est lorsqu'il se croit un peu subversif. Il ne peut pas l'être parce qu'il n'est attaché à aucune réalité matérielle, ok ces filles ne roulent pas sur l'or mais leur condition sociale n'est pas abordée, pas plus que l'obligation de performer ou que sais-je. Pire lorsqu'on a une fille plus âgée qui se fait voler son client on pourrait croire que ça allait la mettre dans la merde financièrement, mais non elle chiale car elle aimait bien ce client là. Euh ok...
Mais admettons, pourquoi pas, pourquoi ne pas traiter des jalousies internes... sauf que encore une fois ce n'est pas traité... ce n'est même pas un sujet. Et finalement le film ne parle de pas grand chose et échouant à créer une dynamique de groupe dans ce club, on se focalise sur l'amourette dont on voit à mille kilomètre où elle va aller (nulle part).
La fin étant sans doute le truc le plus improbable et paresseux du film avec un Melvil Poupaud qui a décidé de rallonger la déjà assez longue liste de navets insignifiants dans lesquels il a joué. C'est d'une paresse absolue. En fait la réalisatrice n'a aucun sens tragique, elle n'arrive pas à rendre son histoire émouvante, marquante et on se trouve avec cette fin mi figue mi raisin d'une platitude absolue (comme le reste du film).