Avant l'effondrement s’articule autour d’un double conflit, intime et collectif : la maladie génétique qui accable la famille de Tristan fait écho à la catastrophe qui menace la planète. Alice Zeniter et Benoît Volnais expliquent pourquoi ils ont donné forme à ces deux dimensions lors de l’écriture du scénario :
"Le point de départ du film, c’était la question du contemporain. Nous sommes convaincus qu’un des aspects cruciaux du contemporain, c’est la croyance de plus en plus partagée que l’avenir sera sombre, périlleux, que le pire est à venir. Et ça reconfigure, selon nous, les manières de penser, de voir, d’aimer, d’envisager le temps, le travail, les modes de vie, l’amitié, la filiation, etc. Nous avions envie de raconter ça, avec les moyens du cinéma, avec les émotions, les parti pris narratifs et esthétiques que permet le cinéma. Et avec ce personnage de Tristan qui, lui, vit un effondrement individuel."
Le récit de Avant l'effondrement est chapitré, ce qui induit des ruptures de ton et des contrastes de décors. Pour Alice Zeniter et Benoît Volnais, l’idée était de pouvoir changer de régime de récit pour raconter Tristan et l’appréhender dans la situation extrême de crise qu’il traverse par différents moyens :
"Par exemple, passer d’une voix-off extérieure omnisciente à une voix-off interne qui recrache des bribes de pensées, mais aussi alterner entre une partie qui accumule des gros plans très organiques sur lui, son corps, et une partie qui se déroule en plans larges de paysages dans lesquels il se retrouve perdu."
Alice Zeniter et Benoît Volnais avaient pour références cinématographiques Nuri Bilge Ceylan et Gus Van Sant, deux cinéastes a priori très éloignés, mais qui possèdent, selon les réalisateurs de Avant l'effondrement, une manière inspirante de raconter et de filmer cette difficulté d’être au monde. Ils notent :
"Une autre référence était, elle, carrément littéraire, c’était La Nausée de Sartre. J’avais le souvenir de pages où Sartre décrit cet état d’hypersensibilité aux détails de l’existence, qui a pour conséquence une forme de langueur... Ça collait parfaitement aux états que traverse Tristan à certains moments du film."
Elsa Guedj et Younès Boucif avaient déjà joué ensemble dans la série Drôle.
Alice Zeniter et Benoît Volnais ont privilégié les plans moyens et larges : "Certains plans étaient pensés dès l’écriture du scénario, d’autres ont été improvisés pendant le tournage en fonction des décors et des comédiens."
"L’important était toujours de se sentir libre et heureux à chaque plan, de faire ce qu’on aime, ce qu’on a envie de voir à l’écran quand on va au cinéma. Ça peut sembler très naïf de dire ça, mais c’est ce qui nous a guidés."
"Les ouvertures et fermetures d’iris participent de ce besoin de se sentir libres, en jouant avec la grammaire cinématographique. L’utilisation de cet effet très référencé a été proposé par notre monteur, Frédéric Baillehaiche."
"D’ailleurs, il faut dire tout ce que le film lui doit. On a eu l’immense chance de travailler avec lui pour ce premier film. Il a été d’une intelligence et d’une créativité impressionnantes", expliquent les Alice Zeniter et Benoît Volnais."
Côté casting, Alice Zeniter et Benoît Volnais ont pensé très tôt au trio principal, Niels Schneider, Ariane Labed et Souheila Yacoub. Ces trois comédiens ont très vite accepté de participer au film plusieurs mois avant le tournage. Les réalisateurs ont donc pu composer avec eux et faire passer une partie du casting pour les autres rôles en leur présence :
"Quant au reste du casting, il reflète pour partie mon amour pour les acteurs et actrices de théâtre, passion que je partage avec Youna de Peretti, qui a été notre directrice de casting. Sephora Pondi et Chloé Chevallier, qui jouent l’équipe de campagne de Naïma, sont des comédiennes avec qui j’ai déjà travaillé sur un ou plusieurs spectacles."
"Lionel Dray, qui joue le mari de Naïma, est un acteur que j’avais beaucoup vu sur scène, tout comme Incerti-Formentini et bien sûr Dominique Reymond. Elsa Guedj, Younes Boucif et Ana Blagojevic sont des rencontres faites pendant les castings et, dans les trois cas, des évidences", se rappellent Alice Zeniter et Benoît Volnais. Ils poursuivent :
"Nous avons essayé au maximum de prendre un temps de travail à la table, puis de répétition avec les comédien(nes). Comme le texte de certaines scènes est dense, c’était nécessaire et rassurant. Ces temps ont aussi permis de modifier des répliques en amont du tournage. Parfois aussi, les répétitions se sont faites directement sur les lieux."