Kateryna Gornostai ne voulait pas raconter cette histoire par le prisme d’un seul personnage et avait conscience que trouver un équilibre entre les deux intrigues serait difficile. La réalisatrice explique : "Elles ne devaient pas avoir la même importance."
"Cela s’est avéré encore plus compliqué lorsque nous avons réuni tous les élèves de la classe autour des deux héros. Une envie nouvelle est née : donner la parole à autant de personnages que possible. Au début, le scénario comptait un grand nombre de personnages."
"Or pendant le casting, j’ai commencé à me rendre compte qu’ils n’étaient pas ce que je recherchais. Je voulais des personnalités plus intéressantes, susceptibles de former un groupe. Quand les acteurs sont apparus dans le film, ils ont donné vie aux ébauches de personnages du scénario."
Pour recréer cet univers de vie en établissement scolaire, Kateryna Gornostai a organisé un casting sauvage qui a attiré plus de 800 personnes. La cinéaste a aussi fait le tour des écoles de Kiev, puisqu'une fille timide comme Masha n’oserait pas se présenter à un casting.
"En fin de compte, nous avons rencontré plus de 200 jeunes. C’est ce qui nous a permis de réunir 25 adolescents pendant neuf semaines et de démarrer ce que nous avons appelé le 'laboratoire d’études'", se rappelle-t-elle.
Jeunesse en sursis est un film Ukrainien. De par la situation géopolitique en Ukraine, son exploitation dans son pays d’origine a été stoppée. En France, Wayna Pitch bénéficie du soutien de Kateryna Gornostai pour le distribuer.
Après le casting, Kateryna Gornostai et les jeunes choisis pour jouer dans le film ont appris à mieux se connaître via des ateliers, où ces derniers ont pratiqué des exercices de théâtre. La cinéaste se rappelle : "Nous avons beaucoup travaillé à partir d’histoires personnelles et avons appliqué les règles de la dramaturgie."
"À l’issue de cet atelier et une fois les rôles et le scénario distribués, j’ai créé un catalogue de personnages et j’ai imaginé l’histoire de chacun des lycéens à partir de leur personnalité et de mon imagination. Ils m’aidaient quelquefois à le faire."
"Durant les premiers jours de tournage, évoluer dans cet univers, créé de toutes pièces, leur paraissait simple, car il n’était pas très différent de ce qu’ils connaissaient et ils savaient quand leur personnage intervenait dans l’histoire et quand il la quittait."
Trouver l'école où Kateryna Gornostai allait poser sa caméra a été le premier défi logistique du film. En compagnie de son équipe, la réalisatrice a exploré Kiev et sa banlieue, mais a finalement décidé de combiner plusieurs endroits pour créer sa propre école. Elle confie :
"Nous avons beaucoup parlé des différences dans les intérieurs que nous souhaitions mettre en place : les classes un peu vides et neutres contrairement aux chambres très colorées des ados. Le chef décorateur Maxym Nimenko s’est efforcé de trouver tout ce qu’il pouvait pour combler l’espace."
"Quant au travail de caméra, je collabore avec Oleksandr Roshchyn depuis longtemps au cinéma. Je lui fais confiance et j’aime sa vision du monde. Même si nous avions pensé le film au préalable, c’est lui qui avait la responsabilité de la plus grande partie de l’esthétique du film."