Ninjababy est adapté du roman graphique Fallteknikkétait de l'animatrice, dessinatrice et illustratrice norvégienne Inga Sætre. Cette dernière y raconte l'histoire de Rakel, 16 ans, qui tombe enceinte par accident et doit se débrouiller seule. La cinéaste explique :
"L'accent est mis sur la relation entre Rakel et sa meilleure amie. Je suis partie de là, et en accord avec Inga, j’ai revu l’âge, les ambitions, et la situation sociale des personnages. Je n'aurais jamais pu faire ce film sans Inga."
"Elle a réalisé toutes les animations, elle s’est impliquée dès le début du développement, et je lui en suis vraiment reconnaissante."
Yngvild Sve Flikke est mère de deux filles. Avec Ninjababy, la réalisatrice a voulu partir de la question suivante : Comment, en tant que cinéaste, traiter la grossesse ? : "C’est pendant le travail sur le son de mon premier film, Women in Oversized Men's Shirts, que j'ai eu l'idée de faire un film sur une grossesse."
"Ce film devait faire se mêler plusieurs intrigues, parmi lesquelles celle d’une femme qui tombe accidentellement enceinte à quasiment 40 ans, mais je ne trouvais pas la place dans ce scénario pour bien explorer les bouleversements psychologiques qu’entraîne le fait de porter un enfant..."
"J’ai alors retravaillé mon projet en déplaçant l’âge et la situation de mon héroïne."
Si Yngvild Sve Flikke a cherché à se diriger vers la comédie (même si le film traite d'une situation complexe), elle n'a pas eu la main lourde sur les gags : "Les membres de l’équipe de création m'ont aidé à trouver le juste équilibre entre l'humour et le sérieux de l'histoire."
"Inga et moi avons travaillé à l'élaboration de l'histoire et du style au cours de nombreux échanges, sur plusieurs années. L'une des modifications importantes que nous avons apportées a été de rendre Rakel plus âgée qu'elle ne l'est dans le livre", confie la réalisatrice, en ajoutant :
"Nous avons aussi développé davantage les personnages masculins et, tout en travaillant sur l'histoire, nous avons réfléchi aux moyens d'intégrer l'animation. La fin du film est différente de celle du roman graphique, qui se termine juste après l'accouchement, je voulais une autre fin."
Pour jouer Rakel, Yngvild Sve Flikke voulait une actrice qui puisse faire la balance entre humour et gravité. La cinéaste avait vu Kristine Kujath Thorp dans quelques courts métrages et, lors de leur rencontre, a été convaincue qu’elle serait parfaite pour le rôle :
"Elle a tout de suite compris le personnage et le film. Une grande partie de la préparation du rôle a dû se faire par téléphone et par mail,avec elle à Copenhague et moi à Oslo. Cela a très bien fonctionné."
"Le fait que Kristine soit également illustratrice et artiste nous a beaucoup aidés dans le développement de son rôle. Plusieurs des véritables œuvres de Kristine sont même dans la chambre de Rakel", se rappelle la réalisatrice.
Yngvild Sve Flikke a voulu montrer qu'il n'y a pas de mal à faire des erreurs. La cinéaste a par ailleurs aussi cherché à aborder cette peur de la maternité des jeunes Norvégiennes : "Nous sommes à une époque où tomber enceinte avant 30 ans est inhabituel."
"Le film traite également de la prise de responsabilités, de la maturité et de notre capacité à surmonter toutes les situations. Je crois que beaucoup de femmes ont ressenti la peur de devenir mère, même celles qui l'avaient prévu."
"Et en retour il y a le sentiment de soin et d'amour qui se développe au cours d'une grossesse, de différentes manières. Cette ambivalence, ces sentiments contradictoires, c'est ce que j'ai essayé de faire ressortir dans le film."