Christine Dory a longtemps été addicte aux émissions de faits divers : "Le fait divers, c’est un événement qui a une petite cause et un grand effet : c’est donc par nature assez cinématographique." Elle a été frappée par une jeune femme de 27 ans qui racontait son histoire survenue 15 ans plus tôt : "Cette fille très simple avait un regard incroyable et une vivacité d’esprit extraordinaire. C’est à cause d’elle et de ce regard que je me suis penchée sur ce fait divers, que j’ai ensuite été happée par la dimension tragique de la mère et du frère. À eux trois, ils avaient un destin."
La réalisatrice a voulu contacter la jeune femme qui a inspiré le personnage de Rosemay via son avocat, mais il était méfiant. "Dans le fait divers, il y avait deux crimes entremêlés, deux mères toxiques. Et l’histoire se déroulait sur huit ans. J’ai tout réinventé pour faire émerger les lignes de force qui m’intéressaient", explique-t-elle.
La réalisatrice voulait à l'origine tourner là où elle a grandi, dans la périphérie de Saint-Étienne, qui est une banlieue industrielle et minière. Mais elle a fini par chercher des paysages similaires à ceux de son enfance dans la région Grand Est, qui a financé le film : "Je les ai trouvés dans la vallée ArcelorMittal où le décor hétéroclite impressionnant fait penser à une casse de voitures..."
Christine Dory avait pour référence Paul Verhoeven et Maurice Pialat pour leur narration frontale : "Ils aboutissent à des récits simples, limpides, sans aucune manipulation du spectateur, parce que personnellement, je vis très mal d’être manipulée." Elle ajoute au sujet de son film : "Tout est à l’écran. Moi-même, j’aimerais couper court aux élucubrations psychologiques parce que je n’y ai pas eu recours. J’espère avoir fait un film d’action."