Rob Jabbaz a été approché par un producteur en pleine pandémie qui lui a proposé de réaliser un film en un court laps de temps (six mois entre le début du tournage et la sortie), avec l’impératif d’utiliser le contexte de la pandémie. Le réalisateur précise : « Mais pour être honnête, le fait qu’il s’agisse d’un virus reste assez secondaire, je ne pense pas que ce soit le plus important. Il s’agissait plutôt d’un bon moyen de mettre en place mon propos. L’origine de tout ça aurait pu être extraterrestre, ou quelque chose d’encore plus surnaturel. Mon objectif était surtout d’en arriver à un point où des personnes peuvent faire des choses atroces à d’autres personnes. »
La violence extrême de The Sadness n’est pas sans rappeler celle des comics Crossed de Garth Ennis. Considérée comme à la limite du supportable, cette relecture du mythe du zombie met en scène des personnages qui, sous l’effet d’un fléau, s’adonnent à leurs instincts les plus abjects, du meurtre au cannibalisme, en passant par le viol, la nécrophilie et la zoophilie. Pour Rob Jabbaz, cette série a été une grande source d’inspiration quand il s’est attelé à The Sadness, car il souhaitait renouveler le film de zombies, un sous-genre surexploité par le cinéma. « Je me suis replongé dedans, et je me suis dit que c’était vraiment intéressant car on y trouve une dimension assez inédite de ce que peut être la véritable peur : dans Crossed, on parle finalement de malveillance, de vraie cruauté, et du fait de prendre plaisir à faire souffrir des gens. » À partir de cette idée de cruauté, il a conçu un univers où les personnages sont malheureux et accumulent une rage intérieure, jusqu’à ce qu’un virus leur permette de libérer cette dernière et d’assouvir toutes leurs pulsions inavouées.
Canadien, Rob Jabbaz s’est installé à Taïwan à l’âge de 25 ans. Après s’être formé en autodidacte, il réalise quelques publicités et rencontre son futur producteur, Jeff Huang, qui lui propose The Sadness. Il s’agit de son premier long-métrage en tant que réalisateur.
Le réalisateur revient sur la violence extrême de son film : « je voulais faire passer un message. Montrer que ce sont la cruauté et la malveillance qui font toute la différence. Ce sont elles qui rendent tout plus terrifiant et traumatisant. Pour appuyer mon propos, il était donc évident que le film se devait d’être violent, que la violence graphique soit extrême, et qu’elle soit représentée de façon réaliste. »
Au sujet de la violence de The Sadness, Rob Jabbaz a voulu qu’elle soit réaliste tout en poussant le curseur de façon à établir une sorte de jeu avec le spectateur et de lui faire comprendre que rien de tout ce qu’il voit n’est vraiment sérieux : « j’ai cependant fait exprès de dépasser les limites, et d’entrer dans une sorte d’hyper-réalité. » Il cite comme inspiration les films de Category III, qui renvoie aux films interdits aux moins de 18 ans selon la classification des œuvres cinématographiques de Hong Kong. La Category III est devenue un genre à part entière et a donné naissance à un véritable renouveau du cinéma de Hong Kong. Des œuvres comme Ebola Syndrome, The Untold Story et Camp 731 - Men Behind the Sun font partie des films les plus connus et excessifs du genre. « Dans beaucoup de films de Catégorie III, il y a une sorte de ton étrange, quelque chose relevant de la comédie presque enfantine. […] Je me suis dit que ce serait intéressant de faire un film comme ça, mais sans l’humour. Ou du moins, sans faire de gags, en ne laissant que de toutes petites touches d’ironie. »