Je n'ai pas réussi à adhérer à ce film. Il a un coté "frères Coen " indéniable, avec ces petites combines, qui se transforment en gros plantages. Mais les frères Coen donnent du rythme à leur création, à travers un scénario abouti, avec surprises et rebondissements. "La tête froide" en est loin! L'histoire joue à la fois sur le cynisme de de la traite des migrants, mais en cherchant à donner des circonstances atténuantes à l'investigatrice de l'opération, poussée à se faire du fric facile, "à l'insu de son propre grés"......Tout cela ne serait que hasards malencontreux, au bout desquels on se dirait "après tout pourquoi je n'essaierai pas moi aussi?"
Le scénariste nous pousse à la compréhension: Les fins de mois de Marie, cette femme qui commence à prendre de l'âge, ne sont pas faciles! D'ailleurs, le propriétaire du camping où elle a son mobil home lui demande ses arriérés de loyer, et lui coupe l'eau et le courant.... Marie fait du traffic de cigarettes, avec des cartouches qu'elle va acheter en Italie toute proche...Pourquoi ne pas passer à l'échelle supérieure, en passant justement par le col de l'échelle, porte des migrants dans les Alpes du sud. Jadis bout du monde, situé dans un cul de sac, ce col est devenu un des plus célèbres de France, pour l'activité de passage de migration qu'il suscite, changeant le visage de la région.
L'empathie, qui est un puissant moteur d'adhésion à un film, pour moi, n'a pas fonctionné. Pour le reste, pas mal d'invraisemblances, comme cette aide du copain flic, abusé lui aussi à l'insu de son propre grés. La relation assez plate qu'il entretient avec l'héroine, n'explique pas qu'il accepte de se transformer en ripoux. Il aurait fallu induire une relation incandescente. On en est loin. C'est plus un père qu'un amant! On ne comprend absolument pas la raison pour laquelle il se compremet ainsi. Son réveil tardif est aussi irrationnel dans l'action.
Le pathos surjoué, est là pour tenter de combler les lacunes de ce film innabouti, et dont on cherche le sens? Le jeu du migrant semble manipulateur est cynique. On ne sait trop que penser de lui, avant qu'un coup de telephone nous rassure sur ses bonnes intentions! C'est un brin téléphoné! L'intervention d'une volontaire d'aide aux migrants, à Briançon, par contre, m'a semblé assez juste, quand elle s'aperçoit, que Marie joue un jeu trouble. C elle-ci se défend alors en disant que cette autre, qui lui demande de se ressaisir, ne vaut pas mieux qu'elle, avec sa bonne conscience.....
"Je préfère être à ma place qu'à la votre".réplique très justement cette femme ....A vrai dire, j'aurais préféré que la camera laisse alors tomber cette Marie pathologique, et s'attarde sur sa protagoniste, et la mission que ce sont donnée ces "justes", qui accueillent les migrants, au mépris de leur propre sécurité.. Des gens qui ne se font pas payer en billets de banque, et qui entretiennnent de vrais valeurs, même si elles aussi, peuvent avoir des fins de mois difficiles. Le film aurait alors pu prendre une vrai épaisseur. J'allais dire, un bon manteau neigeux!