Tempête : les secrets du tournage

Ce n'est pas la première fois que le réalisateur Christian Duguay filme le milieu de l'équitation. On lui doit Jappeloup en 2013, porté par Guillaume Canet. C'est grâce à ce film que les producteurs Maxime Delauney et Romain Rousseau ont pensé à lui pour l’adaptation du livre de Christophe Donner. Le réalisateur raconte : "Je dois avouer qu’au départ j’étais un peu réticent, parce que je me disais que c’était de nouveau un projet avec des chevaux et des enfants et que je n’aime pas avoir le sentiment qu’on me colle une étiquette. Mais le roman m’a plu, moins pour sa description de l’univers des courses hippiques que pour sa puissance émotionnelle."

Tempête est tiré du roman jeunesse Tempête au haras de Christophe Donner, qui a lui-même été adapté en BD, avec des dessins de Jérémie Moreau. Donner a été consultant sur le film. Christian Duguay a fait le choix de ne pas conserver la trame autour des paris hippiques, pour se focaliser sur le personnage de Zoé.

À l'instar du livre, Tempête s'ouvre sur une séquence de "double naissance", comme l'explique le réalisateur : "Dans le livre, il y avait cette proposition et on s’en est totalement emparée. On s’est demandé si la séquence ne risquait pas d’être trop graphique, mais j’étais convaincu que le résultat pouvait être très beau : les liens entre les personnages, et entre les personnages et Belle-Intrigante, sont installés dès le départ pour que le spectateur puisse ensuite établir des correspondances." Il a fallu à l'équipe trois naissances de poulains avant de pouvoir filmer celle qu’on voit dans le film.

Pio Marmaï a été coaché par l'entraîneur de chevaux Pierre Vercruysse. Il lui a expliqué comment comprendre les chevaux, les harnacher et les déharnacher, les sceller et les desceller ; il l’a initié au maniement des rênes et lui a montré comment on entretient les box. Le comédien n'a quasiment pas été doublé et s’élançait sur des circuits à 60 km/h, ce qui est la vitesse des courses à l’hippodrome de Vincennes. Carmen Kassovitz, elle, monte à cheval depuis l'enfance. Pour que son handicap soit crédible, le réalisateur a décidé que son personnage était en partie paraplégique, "sa lésion médullaire étant incomplète lui permettait de tenir physiquement grâce à ses abdos. On a alors imaginé des orthèses, qui lui permettent d’être en suspension, et Carmen a dû s’entraîner pour donner le sentiment qu’elle est soutenue par ce dispositif. C’était un travail très méticuleux pour qu’on puisse croire qu’elle pourra remonter et qui commence par la rééducation."

Christian Duguay a retrouvé sur Tempête le dresseur équestre Mario Luraschi, avec lequel il avait collaboré sur la série Guillaume Tell, Jeanne d'Arc et Jappeloup. Cascadeur équestre italien, dresseur de chevaux pour le cinéma et metteur en scène de ses propres spectacles, Luraschi a participé à bon nombre de productions, comme Cyrano de Bergerac, Les Visiteurs, La Reine Margot ou encore Les frères Grimm. Duguay et lui se connaissent depuis quarante ans : "Ce qui nous lie, c’est qu’il a vu que j’évolue dans l’univers équestre depuis tout jeune : il a compris que je sais filmer les chevaux, tout comme je suis conscient du don particulier qu’il a dans son dressage des chevaux. Je prépare d’ailleurs un documentaire sur son parcours."

Si Tempête est censé se dérouler intégralement en Normandie, le film a été filmé au haras de Senlis, dans l'Oise, et en Normandie.

Pour tourner les scènes de course, Christian Duguay tient à remercier les gens du milieu du trot, "À commencer par la légendaire famille Levesque, Pierre et sa fille Camille, notre conseillère Martine Cours, Pierre Vercruysse notre coach, qui nous ont permis de recruter les chevaux à travers toute la France, ainsi que l’ensemble des équipes de l’hippodrome de Vincennes et du domaine de Grosbois, sans compter tous les jockeys, lads et drivers." Ne pouvant utiliser les chevaux que pour un temps limité, le réalisateur ne pouvait pas refaire indéfiniment les prises : "Au début de la course, quand le cheval s’échauffait, je tournais quelques plans de coupe, mais on ne pouvait pas demander aux chevaux de retourner plusieurs fois sur le circuit : ils participaient à une première course, puis se reposaient et, parfois, disputaient une deuxième course. Mon chef-opérateur était dans un camion poursuite, on communiquait avec les cavaliers par des oreillettes, on leur disait à quel moment les caméras étaient prêtes, on faisait un tour de piste, on montait en puissance, et on savait qu’on pouvait le faire deux ou trois fois au maximum dans une journée de tournage. Car le respect de l’animal était notre priorité absolue."