HLM Pussy est le premier long-métrage de Nora El Hourch. À l'instar de son court-métrage Quelques secondes (2014), elle y évoque les thèmes de la sororité et des violences faites aux femmes. C'est pour exorciser le viol dont elle a été victime à l'âge de 20 ans qu'elle a réalisé ce court, alors qu'elle n'avait pas d'expérience dans le cinéma : "Je me suis retrouvée face à plein de filles qui sont venues me voir à la fin des séances, pour me dire qu’elles avaient elles aussi été victimes de viols. C’est là que j’ai pris conscience du pouvoir d’un film, ce qui m’a donné envie de poursuivre dans cette voie."
Alors qu'elle s'est mise à l'écriture de ce qui allait devenir HLM Pussy, elle voulait parler de double culture ("une vraie problématique personnelle et une source de mal-être chez moi"), et s'est rendue compte que ses personnages étaient à nouveau exposés à des agressions. Elle explique : "J’ai donc décidé d’assumer le fait que j’avais encore besoin de parler de ce sujet-là. Sauf que j’ai mis presque 9 ans à l’écrire. Entre temps, la société a changé, j’ai mûri et le mouvement #MeToo a marqué un tournant. Naïvement, j’ai pensé que c’était la fin du combat, qu’on arriverait après la bataille quand le film sortirait. Je tenais absolument écrire un film qui parle du thème de consentement, tout en revenant à mon intention première qui était la double culture."
La réalisatrice a eu l'idée du titre suite à une polémique provoquée par Donald Trump : "Il avait tenu des propos obscènes sur les femmes en 2005 et la vidéo était réapparue en 2016, au moment de son élection : « women, grab them by the pussy » (« les femmes, attrape-les par la chatte »). À la suite de ces déclarations, plein de mouvements féministes avaient repris le mot « pussy » et je me suis dit que ça allait être le nom de gang de mes personnages. Un nom de sororité, militant et non vulgaire. Quant à « HLM », cela représente tout ce qu’Amina n’est pas. Elle rêve de vivre dans la cité. C’était donc le parfait nom de gang pour raconter l’histoire et comprendre un peu l’ambiguïté d’Amina."
Pour trouver les trois interprètes principales du film, la réalisatrice et la directrice de casting Sophie Martin ont posté des annonces sur les réseaux sociaux et reçu 900 vidéos. Médina Diarra, qui joue Djeneba, a bien failli ne pas décrocher le rôle car elle a posé un lapin à Nora El Hourch le jour du casting. Cette dernière raconte : "Elle avait peur de s’attacher au personnage qu’elle aimait énormément et d’essuyer un refus à l’arrivée. Et donc le jour J, elle n’est pas venue. La fille que je voulais ! On l’appelle et elle dit qu’elle a raté le rendez-vous car elle était malade. Plus tard, elle m’a avouée que c’était un mytho. On lui donne rendez-vous le lendemain et elle arrive en retard. J’ai cru qu’elle ne se présenterait pas de nouveau."
Quant à Leah Aubert, qui incarne Amina, sa vidéo d'audition a ému aux larmes la metteuse en scène. Enfin, Salma Takaline, qui interprète Zineb, a été repérée lors d'un atelier animé par la réalisatrice : "J’apprends à des jeunes, issus de milieux défavorisés, à faire des films. Salma vient de Strasbourg. Je l’ai vue traverser la pièce, dans son tee-shirt hyper large et son short. Elle n’avait dit bonjour à personne, ni prononcé un mot et je n’arrivais pas à détacher mes yeux d’elle."
Pour que les trois actrices principales deviennent plus proches, la réalisatrice a organisé pendant un mois des rencontres entre elles : "on allait prendre des brunchs, se faire les ongles. On a été chez moi en mode « pyjama party ». J’ai insisté pour qu’on se parle beaucoup. On s’est fait ce qu’on appelait « des matins de confidences ». [...] L’amitié est née spontanément, qui s’est consolidée avec le temps. Aujourd’hui, les trois sont vraiment amies."
L'actrice, qui joue une mère avocate, a été séduite d'emblée par le scénario, à la surprise de la réalisatrice qui avait préparé un argumentaire pour la convaincre de jouer dans le film : "J’avais même demandé aux filles de faire une vidéo à trois pour la lui montrer."
Nora El Hourch explique pourquoi elle voulait collaborer avec la comédienne : "je voulais une actrice qui fasse « maman » et qu’on puisse imaginer dans le rôle d’une femme forte, qui monte au créneau pour défendre les femmes. J’aimais bien aussi le fait que Bérénice ait deux nationalités. Je me suis dit qu’elle pourrait se sentir proche du personnage et du sujet."
Lors du tournage de la scène où le personnage de Zak l'embrasse, l'actrice Salma Takaline a fait part à la réalisatrice de son inconfort. Nora El Hourch raconte : "Le mot d’ordre étant la bienveillance, il était hors de question d’aller à l’encontre de son ressenti. Donc au montage, nous avons trouvé une manière de faire comprendre ce qui se passe dans la tête de Zineb et à quel point ce qu’elle est en train de vivre est horrible. C’est un blackout, où l’on a un sentiment de dissociation. Je voulais montrer ce trou noir, ses yeux."