Après Du soleil dans mes yeux, centré sur les retrouvailles houleuses entre une jeune mère et son fils, Nicolas Giraud revient avec un film bien différent, centré sur un rêve d’espace : "Je ne sais jamais ce qui me pousse vraiment à écrire sur tel ou tel sujet. Un jour, une idée arrive, d’abord embryonnaire."
"Parfois elle s’évanouit, parfois elle se développe... Sans que je comprenne exactement comment, des informations affluent, des fantasmes se créent, des sons et des images surgissent, et une histoire se dessine. J’imagine que L’Astronaute porte en lui mon envie de cinéma", explique le metteur en scène.
La culture populaire et le rêve ont beaucoup apporté à Nicolas Giraud pour l'écriture du scénario. Il s'est par ailleurs documenté sur l'aéronautique. Grâce au producteur du film, Christophe Rossignon (qui est passionné par le sujet), il a rencontré Jean-François Clervoy, un vrai astronaute :
"Mon souhait a toujours été de faire un film réaliste. Et lorsque le travail d’écriture a été bien avancé, j’ai eu cette la chance que ArianeGroup m’ouvre ses portes. À partir de là, tout est devenu possible, parce que d’un seul coup, tout allait devenir crédible, plausible", se rappelle le cinéaste.
Pour L’Astronaute, Nicolas Giraud a investi tout ce qu'il avait. Et, comme le personnage de Jim, au bout d’un moment, le réalisateur s'est retrouvé en difficulté financière. Il se rappelle : "Christophe Rossignon, Mathieu Kassovitz, Hélène Vincent et toute l’équipe savaient que je tirais le diable par la queue pour mener à bien le projet, mais ils savaient aussi que quoiqu’ils me disent, j’irai jusqu’au bout."
"J’étais d’autant plus déterminé que Jean-François Clervoy, devenu le conseiller technique du film, m’avait assuré que mon projet tenait debout. Dans le film, Jim met huit ans à construire sa fusée. J’en ai mis cinq à 'accoucher' du film."
Pour la séquence où Jim est dans la piscine, Nicolas Giraud a refusé les différentes aides des spécialistes en plongée. Il a demandé à être enchaîné lourdement et jeté au fond de l’eau avec un trousseau de 70 clés, dont trois seulement pouvaient ouvrir les cadenas qui l’emprisonnaient. Il confie :
"Ce n’était pas pour effrayer l’équipe - je savais avoir suffisamment d’énergie et d’oxygène pour m’en sortir - mais je voulais vivre cet état de stress auquel doivent répondre les astronautes en mission."
Nicolas Giraud a fait le choix de tourner en plans serrés, délaissant ainsi le ciel et les étoiles pour suivre au plus près vos personnages. Le metteur en scène se souvient : "Au début, Christophe Rossignon et moi nous sommes heurtés à ce préjugé selon lequel les Français ne sauraient pas faire de films sur l’espace."
"Plusieurs portes sont restées fermées. J’ai pourtant expliqué que je ne faisais pas un film 'sur l’espace', mais un film qui 'va dans l’espace'. Et qu’au-delà de ça, je faisais un film sur l’émancipation, sur le partage, sur des gens qui se regroupent autour d’un homme, d’un projet, pour grandir, mûrir et rêver avec lui."
Pour les plans dans l’espace, Nicolas Giraud voulait obtenir des noirs profonds, comme l’est le cosmos, mais avec de la brillance comme il en surgit parfois des astres quand ils s’alignent selon certains axes : "J’ai laissé au directeur de la photo Renaud Chassaing créer la lumière - je sais la reconnaitre, mais pas la construire - mais je choisissais tous les cadres, que je validais au millimètre près."
"Ensemble, on a cherché à révéler l’éclat, la brillance de chaque matière, aussi bien l’aluminium ou l’acier de la fusée, que la mousse sur les troncs d’arbres. Nous avons tourné en scope, avec une série d’objectifs sphériques qui permettent d’obtenir des effets de flare quand une lumière les traverse. Sans cesse, nous cherchions la profondeur de champ, la perspective...", raconte le cinéaste.
Nicolas Giraud a opté pour des sons synthétiques. Le réalisateur connaissait le travail de Gabriel Legeleux (dont le nom de scène est Superpoze), mais lorsqu'il a découvert le clip de son titre Signal, il a tout de suite su qu'il voulait travailler avec lui. Il précise : "Avec Gabriel, nous avons pensé et réfléchi la musique ensemble, mais après, c’est lui qui l’a composée."
"Je suis heureux car je trouve qu’elle transcende le film. Elle transcende chaque étape que traverse Jim et son équipe. Gabriel et moi avons eu le même genre de rapport que celui que j’ai eu avec Loïc Lallemand, le monteur du film, ou avec Stéphane Cabel, le co-scénariste. J’ai les idées, les images, les sons, et ensuite, nous les travaillons ensemble."
Passionné d'espace, Mathieu Kassovitz a rejoint le projet après avoir été sollicité par le producteur du film, Christophe Rossignon. L'acteur explique ce qui l'a séduit dans ce projet : "Alors qu’habituellement les films sur l’espace font appel à la science-fiction, L’Astronaute était basé sur le futur, plus que probable, de l’exploration spatiale."
"En racontant, avec réalisme et minutie comment un ingénieur arrive à réaliser son rêve d’espace, il laisse entendre que ce genre de voyage se démocratisera, que bientôt tous ceux qui le voudront, pourront aussi aller faire un tour dans le cosmos. Peut-être pas exactement comme Nicolas le décrit, mais d’une façon assez proche."
"J’en suis en tout cas intimement persuadé. Même si Nicolas a dû anticiper des techniques qui n’existent pas encore aujourd’hui pour réaliser la fusée capable de l’emmener dans l’espace, les licences qu’il s’est autorisées sont en harmonie avec la poésie de l’espace."