Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.
Godland a obtenu les prix suivants :
- Golden Hugo du meilleur film et Silver Hugo de la meilleure photographie - Festival du film de Chicago 2022
- Prix du Meilleur film - Festival du film de Riga 2022
- Meilleur Production Design - Festival du film Alexandre Trauner 2022
- Meilleur Acteur pour Ingvar Sigurdson - Festival de cinéma de Galdar 2022
- Prix Zabaltegi-Tabakalera - SSIFF 2022
Avec Godland, Hlynur Pálmason a voulu explorer les liens familiaux, l’acceptation du mythe, et un certain réalisme magique. Il déclare : "C’est également un voyage au cœur de l’ambition, de l’amour et de la foi, ainsi que de la peur de Dieu, du besoin et de la volonté de trouver sa place, d’être vu, d’appartenir à quelque chose. Le film parle aussi de communication, du côté étranger du dialogue et de notre communication, ou plutôt de notre mécommunication. [...] Je me suis rendu compte que le film évoque particulièrement ce qui nous divise et ce qui nous relie. Et j’ai été surpris de réaliser qu’à la fin, la mort est peut-être la seule chose qui nous relie."
Godland se déroule à l’époque où l’Islande était sous domination danoise. Le réalisateur a toujours été partagé entre ces deux pays très différents. "L’autorité de la couronne danoise en Islande a pris fin il n’y a pas si longtemps et je ne l’ai jamais vraiment vue dépeinte au cinéma. J’avais envie d’explorer les contraires dans le paysage, dans les tempéraments et dans le langage, ou disons la source de nos malentendus, mais également les oppositions de forme et de sentiment et la façon dont elles se révèlent dès que l’on met ces deux pays l’un face à l’autre."
Godland a été écrit et développé dans la région où vit le réalisateur. La plupart des décors sont des espaces qu'il a revisités de nombreuses fois : le cheval en décomposition que l'on voit dans le film était celui de son père. Il l'a filmé pendant un an sur le terrain de son voisin. Quant aux images saisonnières du glacier, elles ont été filmées sur plus de deux ans à un endroit où il va ramasser des champignons à la fin de l’été. Enfin, le premier campement du film a été installé là où il pêche la truite à travers la glace pendant l’hiver.
Certains lieux de tournage étaient particulièrement difficiles d'accès. Il était impossible d'y aller en voiture. L'équipe a dû alors transporter tout le matériel elle-même et ne se déplacer qu’à cheval. Pour le réalisateur, cela a toutefois été bénéfique : "Je crois que ce processus même nous a permis de dépeindre le paysage autour de nous d’une manière très authentique. Nous faisions l’expérience du voyage en même temps que nos personnages. Ce film a représenté un énorme défi."
Le réalisateur a cherché à rappeler le daguerréotype (procédé photographique) dans le format de Godland. Il a utilisé, avec la directrice de la photographie Maria von Hausswolff le processus au collodion humide qui a remplacé le daguerréotype vers 1860. C'est en assistant à une conférence au Danemark sur le processus au collodion, donnée par Hörður Geirsson, un spécialiste de la photographie ancienne, que Hlynur Pálmason s'est familiarisé avec ce processus : "On a sympathisé et il m’a montré tout le processus de préparation de la plaque humide, d’exposition et de développement. Cela m’a vraiment fasciné et je suis tombé amoureux de la qualité d’image et de l’odeur des produits chimiques. Cette découverte a complètement modifié le processus d’écriture pour moi et l’a rendu plaisant." C'est ainsi qu'il a doté le personnage de Lucas de cette technique pour capturer les images.
Le format des photographies a inspiré le cadre du film : "Je testais différents formats et j’ai réalisé que le vieux format académique m’allait très bien – j’avais eu quelques problèmes avec le format plus large sur certains de mes travaux précédents. Tout est devenu facile et amusant, avec ce nouveau rapport de cadre. [...] Je crois aussi que le cadre noir entourant l’image crée une rupture plus dure à chaque fois qu’on passe d’une image à l’autre, ce qui donne un certain caractère au montage. L’encadrement noir adoucit par ailleurs l’image et lui donne cette belle forme féminine dans ses contours."
Le titre original du film est en fait un double titre : Vanskabte Land - Volaða Land, qui veut dire en danois et en islandais « terre misérable ». Il est inspiré d’un poème de Matthías Jochumsson, un poète islandais qui a étudié au Danemark puis est retourné vivre en Islande avec sa famille. Après avoir enduré un hiver épouvantable, il a écrit une diatribe adressée à l’Islande, appelée Volaða Land. Cela lui a valu de telles critiques qu’il a dû écrire un contre-poème évoquant les beautés et les merveilles du pays.