« D’après une histoire vraie qui a bouleversé l’Australie », nous annonce-t-on dès le début du film. Cette histoire vraie, c’est la tuerie de Port-Arthur, une fusillade qui s’est déroulée le 28 avril 1996 et qui fit 35 morts et 23 blessés. A l’origine de cette fusillade, un homme, Martin Bryant. Alors que, vivant à Los Angeles en 2018, Shaun Grant, le scénariste de "Nitram", déjà très choqué au moment des faits, s’est replongé dans les conséquences de cette tuerie dans son pays suite à deux fusillades de masse qui venaient de se dérouler aux Etats-Unis. A sa grande surprise, il s’est aperçu que, plus de 20 ans après la tuerie de Port-Arthur, la législation australienne concernant les armes à feu s’était relâchée depuis les décisions prises en 1996 suite à cet évènement, que de nombreuses préconisations datant de cette époque n’avaient jamais été appliquées et qu’il y avait en 2018 davantage d’armes à feu en Australie qu’en 1996 !
Pour répondre à la question qu’il se posait depuis 25 ans, « Qui peut bien commettre une chose pareille ? » et pour tenter de faire comprendre à ses concitoyens, et tout particulièrement à ceux qui sont favorables à la liberté de posséder des armes à feu, le danger qu’il y avait à ne pas contrôler davantage la vente des armes, Shaun Grant a considéré que le moyen le plus efficace était de réaliser un film adoptant le point de vue de l’auteur du massacre, un film qui fasse passer du temps auprès d’un personnage dont on comprendrait très vite qu’il ne devrait pas avoir accès à de telles armes. Comme réalisateur du film, présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, on retrouve un « spécialiste » des tueurs frappadingues, Justin Kurzel, dont le premier long-métrage, Les crimes de Snowtown, déjà scénarisé par Shaun Grant et sorti en 2011, s’était emparé de l’histoire de John Bunting, le plus célèbre des tueurs en série australien.