Sébastien Bailly a réalisé plusieurs courts-métrages de fiction, notamment Douce (2011), Où je mets ma pudeur (2013), Une histoire de France (2015). Comme une actrice est son premier long métrage. S'il a commencé à l'écrire seul, comme il l'avait fait pour ses courts, il a senti le besoin d'être épaulé et a travaillé en tandem avec la scénariste Zoé Galeron.
C'est après une rupture que Sébastien Bailly a imaginé pouvoir retrouver son amour perdu en se glissant dans la peau d'un autre : "Il n'y aurait plus le passif, ni peut-être la méfiance qu'il peut y avoir tout de suite après. Le film est parti de cette idée simple et du sentiment d'abandon. Imaginer que si l'on revient aux origines, tout est possible."
Le réalisateur voulait montrer Julie Gayet dans un registre plus sombre et grave : "Quand je l’ai rencontrée, après lui avoir envoyé le scénario, je lui ai expliqué que le personnage devait assumer son âge puis ses métamorphoses. Elle a accepté immédiatement. Anna est très belle mais elle va s’abîmer au propre comme au figuré dans cette histoire. Il fallait une actrice qui accepte de se montrer dans cet état de vulnérabilité." La comédienne renchérit : "C’était important de montrer les marques du temps sur ce visage et de ne pas en avoir peur. On se cache derrière le maquillage et la perruque, comme dans la première scène qui raconte comment on peut se grimer. Mais moi, je voulais qu’après il n’y ait presque plus de maquillage, que ce soit une mise à nu."
Le personnage de Mme Peng et sa potion introduisent une dimension fantastique au film. "J'aime déjouer les schémas traditionnels du récit. Mélanger le réel avec du fantastique offre beaucoup de possibilités. Le triangle amoureux est revisité par le fantastique qui vient mettre un peu de désordre dans le récit. Cela permet de rebattre les cartes de plein d'histoires mais aussi de déployer une multitude de situations fantasmatiques pour les personnages", explique le réalisateur.
Julie Gayet avait envie d’interpréter et d’assumer le rôle d’une femme de 50 ans : "Le film permettait d’aborder le sujet de l’âge chez une actrice et de parler aussi de la façon dont on vieillit dans un couple. Cela faisait longtemps que j’avais envie de parler de l’effacement des femmes quinquagénaires." La comédienne souligne qu'il s'agit d'un âge compliqué pour les actrices, au point qu'il existe une association, le Tunnel de la comédienne de 50 ans [créée en 2015 au sein d'AAFA (Actrices et acteurs de France associés)], qui s'est donné pour mission de faire bouger le curseur des représentations des femmes de plus de 50 ans au cinéma et à la télévision. "Á travers la relation au jeu, Sébastien parle de moi mais aussi d’une actrice qui vieillit. Je ressens bien cette injonction terrible sur l’âge et sur la beauté. Nos collègues masculins ne la subissent pas. Cette injonction-là pèse et donc de jouer avec était incroyable car cela rejoignait mes questionnements."