L’amour à 50 ans
Dans son tout petit 1er film, passablement passé inaperçu, Féminin Plurielles, Sébastien Bailly s’interrogeait déjà sur la place de la femme dans la société. Rebelote avec ces 93 minutes de drame teintées de fantastique. Anna, actrice proche de la cinquantaine, est quittée par son mari, Antoine, metteur en scène de théâtre. Prête à tout pour ne pas le perdre, elle va jusqu’à prendre l’apparence de la jeune femme avec laquelle il entretient une liaison. Mais ce double jeu pourrait se retourner contre elle... Pitsch nébuleux, pour un film qui ne l’est pas moins. Qu’a-t-il voulu prouvé ? Pourquoi ce fantastique à la française fauché et maladroit ? En tout cas, je n’ai pas marché un seul instant.
Le dossier de presse nous apprend que c'est après une rupture que Sébastien Bailly a imaginé pouvoir retrouver son amour perdu en se glissant dans la peau d'un autre. Ah bon ! Certes, la mise à nu du personnage principal, est asse bien menée. Dès la toute 1ère scène, on comprend que l’on peut habilement se dissimuler sous un maquillage et une perruque, surtout quand on est actrice, mais qu’à la manière de Dorian Gray, le corps ne cesse de vieillir, voire de s’abîmer. Mais le message, à force d’être évident et répété, devient lourdingue à souhait. Parler de l’effacement des femmes quinquagénaires reste un sujet louable. Mais utiliser les moyens – pauvres… mais pauvres -, du fantastique amoindrit totalement la force du propos. L’effet vertigineux escompté tombe vite à plat et on s’ennuie autant qu’on s’emmêle dans cette histoire qui passe à côté de son sujet. Dommage, car l’ambition était là, mais pas les moyens.
Julie Gayet assume ce rôle difficile avec une belle présence, mais elle suffit pas à sauver l’entreprise. Dommage pour elle. Benjamin Biolay, comme d’habitude totalement inexpressif, marmonne des dialogues auxquels il ne semble pas croire un seul instant. Agathe Bonitzer et Louisiane Gouverneur complètent le haut de l’affiche. Sébastien Bailly n’est ni Franju, ni Hitchcock, L’idée de mettre en lumière une femme qui veut se déposséder de son corps parce qu’il n’est plus aimé ni même regardé, était plus qu’intéressante, mais les dialogues pèsent des tonnes, et le fantastique… quel fantastique ? Et surtout, choisir un personnage d’actrice, métier où « mille vies » sont possibles, pour rappeler qu’une femme n’en a qu’une, relève d’un moralisme pataud. Bref, de l’ennui.