De Nathalie j’avais vu le remake, Chloé. J’avais plutôt bien aimé le remake, un thriller érotique perdu à une époque où l’on n’en faisait plus. Nathalie est dans un autre registre, celui du drame bourgeois comme on en fait treize à la douzaine en France, et aux commandes il y a l’une des réalisatrices les plus fades du cinéma français : Anne Fontaine. Le résultat me direz-vous : peut-être le moins pire film d’Anne Fontaine, mais pas de quoi se relever la nuit ! Le film est quasi entièrement porté par ses acteurs, en particulier son duo Ardant-Béart. La première excellente en représentante de la haute bourgeoisie parisienne, la seconde très à son aise en escort de luxe, et il convient d’ailleurs de dire qu’elle est très belle et convaincante, apportant une certaine fragilité tendre à son personnage. Depardieu se trouve mis en retrait et n’a pas grand-chose à défendre faut le dire. Ce casting porte le film, et pour ainsi dire, le résume. Ce n’est surement pas la réalisation tiédasse d’Anne Fontaine qui lui donne du relief. Si certains décors sont plutôt jolis, s’il y a par moment une ambiance agréable, doucement mélancolique, la réalisation d’Anne Fontaine manque singulièrement d’ambition, et sa patte naturaliste n’aide absolument pas l’histoire à gagner en relief. En effet, l’histoire est vraiment très basique. Un trio, une histoire d’adultère, une étrange complicité qui se noue, en soit le film est minimaliste et l’intrigue aurait mérité de bénéficier d’un traitement plus accentué pour gagner en épaisseur. Là on reste vraiment à la surface de tout. Il ne se passe rien dans le film. Hormis les rapports coquins de Béart, ça tourne beaucoup en rond, ça bavarde, ça explore la vie quotidienne très métro-boulot-dodo du microcosme parisien. Là où Atom Egoyan avait réussi à créer un vrai suspense d’un côté et à doper la dimension sulfureuse pour susciter un peu plus d’intérêt, Anne Fontaine se contente de livrer un timide film de mœurs trop souvent plat et sans enjeu. D’après elle, son film a souffert de la volonté des deux actrices principales de ne pas amener une relation lesbienne originellement prévue. Je ne peux pas dire si ça aurait améliorer la chose, mais peut-être cela aurait-il pu développer un triangle amoureux plus prompt à rendre la fin palpitante.
De mon point de vue le film se laisse voir, mais sans plus. Il se laisse voir grâce à ses actrices, grâce à quelques moments d’ambiance sympathiques, peut-être aussi car vingt ans après sa sortie il a gagné une patine un peu rétro qui, il faut l’avouer, bénéficie souvent aux films français car elle nous replonge nostalgiquement dans une époque peuplée de nos propres souvenirs. 2.5