Quelle était ma surprise lorsque j'ai découvert l'affiche de ce CARAVAGE en choisissant le film que j'allais voir ce soir (en manque de Cinéma)... Aucune hésitation, que ce soit sur le sujet, le réalisateur et les act-eur(rice)s... Dernier détail - et non des moindres personnellement - en VO ! Parfait pour cette soirée ; je décide donc d'affronter la pluie.
Et ma déception fût aussi grande que mon enthousiasme ! J'en suis désolé.
Je me suis littéralement ennuyé.
Je ne retiens rien.
Si bien sûr ; ROME et sa photogénie.
Et quelques jolis extraits-mise en exergue de l'Œuvre du peintre...
Mais ne me parlez pas de la photographie qui révèle l'esthétisme du peintre... Niente. O quasi niente. Je ne suis pas spécialiste, mais dans mon souvenir - et même si nous sommes habitués à des images sur-éclairées via nos écrans et notre internet - dans "clair-obscur" il y a, par définition "clair".
Je ne vois rien.
Ce film manque cruellement de contraste. De lumière certes, mais de contraste. Car ce n'est pas qu'une question d'image.
Pas de rythme, pas de respiration, pas - ou si peu - d'intrigue.
La musique a faillit me cueillir et m'emporter lorsque le peintre, soudainement inspiré, dresse le portrait d'une première catin-muse, étonnée de ne pas baiser avant... Mais ce fût bref - même si je l'avais en-tête quelques minutes sur le chemin du retour - et tant mieux car je ne pouvais pas me laisser séduire par la seule musique d'un film. Cela n'existe pas. L'un ne va pas sans l'autre. Je croyais que c'était du Max RICHTER (mais non) et me suis laissé espérer que nous allions décoller, tant ce film devait être ambitieux... Je m'attendais à une fresque, presqu'à un Chef-d'œuvre.
Il n'en est rien. C'est un film prétentieux.
À l'image de l'Ombre, personnage interprété par un Louis GARREL privé de... lumière et donc de relief, et qui ne parvient pas - malheureusement - à être crédible, malgré ses tentatives de jeu et d'allocution en version originale...
Ces efforts ne sont pas le cas de tout le monde. Le doublage d'un film est très souvent mauvais - tout le monde le sait d'ailleurs et personne ne fait rien, ce que je ne comprendrais jamais, bref - mais alors, avec Isabelle HUPPERT qui joue visiblement en anglais, puis se double elle-même pour la VO, dans un italien à l'accent tonique qui frise le ridicule... j'ai les oreilles qui piquent ! C'est insupportable et c'est une grossière erreur. L'excellente comédienne qu'elle est - notamment lorsqu'il s'agit de manier le texte et la langue, dans des performances live - a été réduite à néant (il est vrai que son personnage n'avait pas grand-chose à raconter). À sa place je serais furieux que l'on m'ait (?) laissé faire ! Un détail me direz-vous ? Peut-être qu'en VF nous n'y voyons que du feu, mais en VO en tout cas, cela a largement contribué au(x) mauvai(s) ton(s) de ce film.
SCARMACIO est à sa place me semble-t-il. Mais souvent dans le noir. C'est un plaisir de retrouver ce comédien dans des films distribués en France, sans qu'il ne soit réduit à ses rôles dans les seules comédies italiennes qui franchissent les Alpes ou à ceux de l'italien cliché vu depuis PARIS... Bref.
Il était pourtant évident qu'il n'y a pas d'ombre sans lumière... Et qu'il y a toujours une part de lumière en le plus sombre des esprits... Trop facile. Trop simpliste.
Mais à vouloir fuir l'évidence, par peur que son parti pris soit jugé trop facile ou trop simpliste, Michele PLACIDO en a peut-être oublié les bases plus qu'évidentes - universelles - et ne nous a livré qu'une moitié du CARAVAGE, trop sale, trop sombre, trop torturé... est-ce la vérité ? Peut-être.
J'en doute. Et personnellement je n'avais pas envie de broyer du noir ce soir.
Quoiqu'il en soit, l'oeil du CARAVAGE, l'un des maîtres du clair-obscur, était bien plus sensible à la lumière et à ses variations pour capter sa propre vérité - la retranscrire sur des toiles parvenues jusqu'à nous - que cette pellicule de PLACIDO, qui sera vraissemblablement (pour ma part en tout cas) bien plus vite oubliée.