Il y a 2 ans, le réalisateur russe Andrei Konchalovskiy avait réalisé un très beau film sur un épisode de la vie de Michel-Ange. Cette fois ci, c'est un autre grand artiste italien, Michelangelo Merisi da Caravaggio, plus connu sous le nom Le Caravage, qui est mis à l'honneur dans un film dont le réalisateur est italien : Michele Placido. Le Caravage, un artiste qui s'attachait à peindre la réalité, un peintre qui prenait des prostituées comme modèle lorsqu'il fallait représenter des madones et des vagabonds ou des voleurs pour représenter des saints. Autant dire que ce n'était peut-être pas la meilleure façon de rentrer dans les bonnes grâces de Paul V, le pape de l'époque, même si certains cardinaux, ne serait-ce que son propre neveu, Scipione Borghese, se montraient très friands des tableaux du Caravage. L'époque était violente et les artistes pouvaient se montrer violents, très violents même. C'est ainsi que, au même titre que le célèbre musicien Gesualdo qui, en 1590, avait assassiné sa première épouse et fait assassiner l'amant de celle-ci, tous deux surpris en situation d'adultère, le non moins célèbre Caravage s'est retrouvé avec du sang sur les mains, ayant tué son adversaire, Ranuccio Tomassoni, d'un coup d'épée au cours d'un duel en 1606. Voilà le peintre obligé de fuir Rome pour aller s'installer à Naples. Pour raconter les dix années de la vie du Caravage entre 1600 et 1610, le réalisateur a inventé un personnage, surnommé L'ombre, chargé en 1609 par Paul V d'enquêter sur Le Caravage afin de motiver une éventuelle décision de grâce. Le film nous montre ce que les gens rencontrés par "L'ombre" lui racontent sur Caravage en remontant depuis 1600. On est un peu surpris de la rencontre du peintre avec le frère dominicain et philosophe Giordano Bruno, celui ci ayant été brûlé vif le 17 février 1600. On est un peu déçu par la mise en scène très chargée de Michele Placido. On regrette la trop grande présence d'une musique totalement inadaptée au sujet. Par contre, l'interprétation est convaincante avec Riccardo Scamarcio dans le rôle du Caravage, avec Louis Garrel, à qui le rôle de "L'ombre", un personnage sinistre, convient finalement très bien, avec Isabelle Huppert dans le rôle de Costanza Colonna, la protectrice du Caravage.