"Cessez-le-feu" parvient par des approches différentes et tout en finesse à aborder le traumatisme de l'après guerre 14-18, à travers différents portraits d'homme dont Romain Duris et peut-être encore bien plus Grégory Gadebois nous donnent un aperçu de leurs souffrances, totalement tues et enfouies ou alors vociférées sous l'action de la colère !
Deux frères que tout oppose, une mère brisée et ce petit bout de famille va tenter une reconstruction, une redécouverte de l'un, de l'autre, des fils, des frères, des femmes, de l'amour, de la vie...
Culpabilité, incompréhension, sentiments brouillés, colère mêlés aux affres de la guerre, tels des obstacles incontournables, vont surgir inopinément à la moindre tentative pour y arriver.
Et ce sera surtout cette partie du film de Emmanuel Courcol qui nous glacera d'effroi, car le moindre geste, mot ou regard déclenchera imperceptiblement le lever d'horizon, pour l'assombrir aussitôt...
De formidables scènes filmées avec une pudeur évidente nous touchent ainsi plus d'une fois et à ce titre, Grégory Gadebois illumine l'écran le plus souvent.
Romain Duris a ici un très beau rôle également, mais cette apparence physique qu'il arbore, toujours inchangée, sa représentation très centrée sur son corps et son visage, gêne un peu par moment comme si on tenait à le mettre un peu trop en position de mannequin ou de vedette, et ce même en Afrique ou lors des moments les plus difficiles, ce qui finit par ne pas avoir de sens avec le thème du film qui aurait nécessité plus de réserve et d'humilité à ce niveau.
Ce serait bien le seul bémol de ce très beau film, juste et dont la portée psychologique nous atteint ainsi de plein fouet !
Les dérives de l'histoire ou l'impossible du retour à la vie, l'impossible de se redécouvrir, ici traité avec force et sensibilité dont ce poème magnifique écrit à la craie sur un tableau noir résume à lui seul toute la difficulté de ce retour à la vie, au point de résonner encore et longtemps dans nos mémoires !