Même si le thème a déjà été traité au cinéma [« La vie et rien d’autre » (1989) de Bertrand Tavernier, « La chambre des officiers » (2001) de François Dupeyron], le retour à la vie civile après la 1ère guerre mondiale, demeure toujours d’actualité. Le film débute dans les tranchées de l’Argonne en 1916 où les soldats subissent le pilonnage incessant et meurtrier des canons allemands. Retour à la vie civile en 1923 à Nantes (on y aperçoit la cathédrale St-Pierre et le cours Cambronne). Marcel Laffont (excellent Grégory GADENOIS, tout en retenue), ayant perdu la parole, est retourné vivre chez sa mère, veuve, tandis que son frère, Georges (Romain DURIS) est parti en Haute-Volta faire du troc pour acquérir des sculptures africaines, accompagné d’un autochtone, lui aussi ayant été soldat.
Suite à l’assassinat de ce dernier,
il décide de rentrer (à 35 ans) en France pour trouver un travail d’ingénieur.
Il s’éprend du professeur de langage des sourds-muets (Céline SALETTE) de son frère
. Avec un sens du montage et de l’ellipse (rappelant celui de Jean-Paul Rappeneau), Emmanuel Courcol décrit bien le mal-être des survivants de la Grande-Guerre, même chez ceux non touchés physiquement, sans oublier la reconstitution réaliste des années folles (au son du charleston et du fox-trot) avec ses zones d’ombres (enrichissement de certains grâce aux chantiers de réhabilitation des champs de bataille). Le style reste académique et manque un peu de souffle ou d’émotion. Le point faible du film réside dans la trop grande part accordée à la partie africaine de George Laffont (très bien filmée) qui pourrait constituer à elle seule un autre film.