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    5 hectares
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "5 hectares" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Emilie Deleuze a eu l'idée du film après un moment qu'elle a vécu avec la scénariste Marie Desplechin : un ami de cette dernière a eu ce rapport à la terre après avoir acheté une maison à la campagne. La réalisatrice confie : "Cinq hectares, c’est peu. Aujourd’hui, en moyenne, un paysan éleveur d’animaux ne peut pas vivre décemment en dessous de 200 hectares. S’occuper de ses cinq hectares est devenu une nécessité pour cet ami. Un peu comme Franck, le personnage, il n’en donnait pas les raisons parce que c’était pour lui une évidence. L’idée d’acheter un tracteur lui est venue ensuite pour devenir légitime aux yeux du voisinage paysan."

    "Nous, on se dit que ce n’est pas un tracteur qui va suffire à le rendre crédible comme paysan. Surtout qu’il ne s’occupe pas de la terre, et ne s’en occupera pas ! Cultiver un terrain, c’est une compétence, on ne devient pas paysan du jour au lendemain ! Marie, moi, son entourage, on est rentré dans son rêve, qui est devenu rapidement notre cauchemar. Vivant la moitié du temps à la campagne, j’ai embarqué des amis dans cette recherche qui nous a pris plus de six mois. Je n’imaginais pas à l’époque qu’un tracteur de ce type était un objet si précieux."

    "Tout a pris une proportion folle : la détermination de cet homme, de ce Franck réel, celle du type qui vend son tracteur puis se rétracte… Tout cela, qui est dans le film, a existé."

    Casser les clichés

    Avec 5 hectaresEmilie Deleuze a eu envie de montrer des personnages dits "de la campagne" sans les réduire à une fonction permanente, comme on le voit souvent, où les paysans ont des problèmes de paysans, et, en face, les Parisiens ont des problèmes de Parisiens… La réalisatrice précise :

    "Je voulais montrer les folies humaines, non réductibles aux clichés. Dès qu’on ouvre la porte d’une maison, il y a une folie quelque part. C’est donc la démesure de cet ami, à partir d’une situation anodine, qui nous a décidé, Marie et moi. Il y avait une ampleur qui dépassait la simple historiette personnelle."

    Fascination pour les machines

    Le tracteur dans le film date des années 1970. Emilie Deleuze explique que sa fascination pour les machines était déjà présente dans Peau neuve, qu'elle a réalisé en 1999 : "Les hommes aux prises avec les machines me fascinent. Une machine est à la fois un jouet et une puissance. Ces caractéristiques ramènent à l’enfance et à la puissance pure. Je sais que quand je monte sur un tracteur, j’éprouve un sentiment de toute puissance. Il me semble que Franck prend conscience de cette puissance en maniant l’engin. C’est là qu’il se rend compte qu’il devient autre."

    Une loi surprenante

    5 hectares nous apprend un point de droit étonnant : à la campagne, quand on travaille un terrain, on en devient propriétaire par l’usage... Il s'agit d'une loi qui remonte au droit romain. Emilie Deleuze explique : "Les négociations pour l’achat du tracteur donnent lieu à des scènes à la fois comiques et tragiques. C’est ce que je disais à propos du rêve de l’un, cauchemar pour l’autre ; il y a d’un côté Franck, amoureux du tracteur et d’une certaine façon, du vendeur, et Paul, le vendeur, enfermé dans son impossibilité de faire quoique ce soit."

    "Là encore, on s’est inspiré d’une personne existante. Il a construit de ses mains un endroit magique pour ne pas avoir à faire. Je ne connaissais pas ce genre de névrose : s’agiter pour avoir la paix et ne rien faire. Son lieu, un club de chevaux pour touristes n’est jamais fini, donc, pas de clients et on lui fout la paix. C’est un désert magnifique, comme un musée de lui-même. C’est un personnage digne des grandes tragédies. Les deux femmes sont exclues. Elles assistent, impuissantes, à deux folies qui se rencontrent. C’est tragique et drôle."

    Le choix du format

    Côté image, Emilie Deleuze a collaboré avec Nathalie Durand, une directrice de la photographie qu'elle ne connaissait pas. La cinéaste se souvient : "Souvent, les chefs op’ ont un rapport de pouvoir sur un film parce qu’ils ont la responsabilité de l’image. Nathalie au contraire ne va jamais dire : « c’est possible », ou « ce n’est pas possible », mais plutôt : « c’est simple », ou « c’est moins simple ». Je n’avais jamais connu ça. Ça a l’air d’un détail mais ça enlève toute forme de hiérarchie sur un plateau. Je voulais tourner en scope mais j’avais peur de ne pas bien tenir ce format et Nathalie m’a dit immédiatement : « non, tu vas voir, c’est très simple ». Filmer un tracteur en 1 : 66, c’est difficile, on n’a aucun hors champ."

    "Le scope rend compte du point de vue qu’on a dans la cabine du tracteur et donc, du sentiment de domination sur le monde. On a décidé d’une mise en scène assez épurée. Peu de plans, des temps longs sur les acteurs, des plans larges qui incluent le personnage dans le paysage. Ça allait avec le film, avec son économie, avec le cheminement de Franck. Je voulais plus l’observer que rentrer dans sa tête."

    Le choix du compositeur

    La bande originale de 5 hectares est signée Bobby Gillespie des Primal Scream. Emilie Deleuze écrit toujours un scénario avec une musique en tête, et là, il s'agissait de Primal Scream : "Quand j’ai proposé ce nom, la production m’a dit : « t’es folle, c’est un trop gros gibier, etc. ». J’ai alors écrit à Bobby, et contre toute attente, il m’a répondu. Finalement, je le rencontre à Paris, avec tout son staff autour, il nous brandit son portable et nous montre le dernier scandale à propos de Boris Johnson en le traitant de fils de pute."

    "Et puis ça dure, Bobby était en boucle sur Johnson. Là, je dis une phrase à la con du genre : « vous les Anglais, vous en chiez depuis Thatcher, mais nous, avec Macron, c’est bienvenue au fascisme ». A cet instant précis, Bobby me regarde et dit : « ok, on s’assoit ». Bobby a accepté ce film parce qu’il aime le cinéma, mais il ne savait pas où il mettait les pieds avec cette production française : à mon avis, il nous a testés, et tant qu’il ne savait pas à qui il avait affaire, il n’aurait rien lâché", se rappelle la cinéaste.

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