C’est après la perte d’un être cher survenue huit ans plus tôt que Christos Nikou s’est interrogé sur la mémoire, l’identité et la mort : « Notre mémoire est-elle sélective ? Souvenons-nous de ce que nous avons vécu ou seulement de ce dont nous avons choisi de nous souvenir ? Pouvons-nous oublier ce qui nous a blessé ? Est-il possible que nous ne voulions pas oublier les expériences douloureuses ? Sans elles, perdons-nous notre existence ? Sommes-nous l’addition de tous ces faits que nous n’oublions pas ? »
Le réalisateur décrit Apples comme « une tragi-comédie allégorique, une exploration de la manière dont fonctionne notre mémoire. Apples explore également ce qui fait de nous celui ou celle que nous sommes. Quelle part en nous est la nôtre et quelle part est imposée ou créée par les autres. Il est surprenant et absurde, de constater à quel point le temps passe vite dès que l’on entre dans l’âge adulte. Et à quelle vitesse nous oublions les événements ou les gens les plus importants de notre vie, tout en se focalisant sur des détails insignifiants ».
Cate Blanchett est devenue productrice exécutive d'Apples après avoir eu un coup de coeur pour le film au Festival de Venise.
La technologie nous facilite la vie en stockant des informations, mais a-t-elle rendu notre cerveau fainéant ? C’est l’une des interrogations que Christos Nikou soulève dans son film : « souvent, nous ne vivons pas notre propre vie mais imitons ce que font les autres. La technologie et les réseaux sociaux ont rendu cela encore plus facile. Nous n’avons plus besoin de nous souvenir de quoi que ce soit. Nous stockons notre mémoire sur un ordinateur ou publions des post sur des réseaux sociaux. »
Le réalisateur a cherché à créer un monde familier dans un passé récent, « une société où la technologie n’est pas omniprésente et où tout est analogique. » Le virus qui frappe la société n’était qu’un prétexte pour Christos Nikou, connaître les origines de cette pandémie ne l’intéressait pas : « Apples commence comme une dystopie pour très vite s’orienter vers une approche plus anthropocentrique. Le style visuel m’a permis de me concentrer sur l’isolement physique et existentiel du personnage principal. » Il a utilisé le format 4:3, comme une référence directe au passé récent lié aux photos Polaroid.