Vacances est le premier long métrage mis en scène par Béatrice de Staël et Léo Wolfenstein, qui l'ont également écrit. Pour ce, la première a puisé dans son vécu : sa mère a eu sept enfants et son histoire l'a beaucoup intriguée. Lorsque la réalisatrice est devenue elle-même maman, elle a eu une grande mélancolie. Elle rappelle :
"Je me suis attachée à ce mystère qu’était la joie d’avoir des enfants, mêlée à l’angoisse engendrée par le fait d’être tout le temps avec des enfants. Je voulais écrire sur ce paradoxe de la maternité. A partir de ce thème, j’ai imaginé une série de si : et si la mère faisait telle rencontre ? Et si la rencontre entraînait telles conséquences ?"
Marie, jouée par Géraldine Nakache, est à la fois une mère aimante et toxique. Béatrice Sebbah de Staël précise : "Quoiqu’elle fasse, la mère ne fait pas bien, ou plutôt, Marie ne se sent pas une bonne mère. Elle ne sait pas nager, elle ne sait pas bien conduire la voiture, elle a peur de tout… Elle n’est pas très indulgente avec elle-même, elle n’est pas aidée par son mari."
"Elle est dans un moment intense de désir frustré d’un homme puisque son mari est absent. Elle est enfermée avec ses enfants et ce n’est évidemment pas à eux qu’elle va confier quoique ce soit. La mère est un personnage émouvant, qui a des secrets, et dans ce film, on la voit construire son secret."
Côté références cinématographiques, Béatrice de Staël et Léo Wolfenstein citent L’Aventure de Mme Muir, Le Facteur sonne toujours deux fois et La Nuit du chasseur. Mais aussi La Fille de Ryan pour la force romantique des paysages, Le Retour d’Andrei Zviaguintsev pour le rapport aux enfants et Les Dents de la mer pour la palpitation du bord de mer.
À l’origine, Béatrice de Staël et Léo Wolfenstein ont situé l'histoire de Vacances en Normandie. Ces derniers n'ayant pas obtenu le financement normand, ils ont finalement tourné dans les Landes :
"Le Cotentin est plus ésotérique alors que les Landes sont un paysage passionné où on a été emportés comme dans Les Hauts de Hurlevent. Aidée par Laure j’ai transposé ce que j’imaginais depuis toujours. La collaboration avec elle ainsi qu’avec ses assistants a été idyllique. Ils ont construit la cabane, ils ont fait le potager, ils ont donné vie comme de vrais magiciens aux maisons."
Davantage habituée aux comédies, Géraldine Nakache joue Marie. Béatrice de Staël justifie ce choix : "Quand elle a lu le scénario, elle a eu peur. Et une fois qu’elle a dit oui, elle y est allée à fond. Géraldine est elle-même jeune maman et ce personnage lui parlait vraiment."
"Et puis elle est drôle au cinéma mais plutôt grave dans la vie, donc je sentais que ça collerait pour ce rôle. Elle a inventé une Marie qui, quelquefois m’échappait et me cueillait. J’étais ravie de voir cette actrice incarner le personnage avec tant de vérité et d’émotion."
Le séduisant agresseur est joué par Andranic Manet. Béatrice de Staël l'a découvert dans Mes Provinciales de Jean-Paul Civeyrac. La cinéaste s'est immédiatement dit qu'il serait parfait pour camper Martin. Elle précise :
"Andranic a la beauté du diable. Je le trouve très différent des autres jeunes acteurs français qui paraissent adolescents, alors qu’Andranic a un côté très masculin, très mature. En même temps, il est très doux et très naïf. Et lui aussi peut avoir des côtés très graves. Tout ça fonctionnait très bien pour le film."
Béatrice de Staël incarne la mère de Martin, la "sorcière". Compte tenu de sa fonction de réalisatrice, il n'était, au départ, pas question qu'elle joue un dans le film :
"C’est un rôle très important qu’il ne fallait pas rater. Et puis Léo et Véronique Zerdoun m’ont encouragée à le jouer alors, j’ai beaucoup travaillé en amont avec Philippe Barassat qui est aussi réalisateur de films dans lesquels j’ai joué."
"Il m’a fait construire le personnage pour être prête sur le tournage. Il fallait que je m’imprègne de ce que j’étais en train de raconter. Ensuite, avec Léo, on a cherché le costume de cette femme… Et une fois qu’on l’a trouvé, j’avais le personnage en moi."