A l'origine, Fabrice Eboué avait écrit un premier scénario où le point de vue adopté était celui des vegans, lesquels prévoyaient de faire un attentat au salon de l’agriculture. Le réalisateur se rappelle : "Mais à bien y réfléchir, j’ai pensé que les spectateurs seraient plus concernés si je me plaçais du côté de la majorité, parmi lequel des victimes comme le boucher qui fait son métier depuis trente ans et qui apprend, par les actions et accusations des vegans, qu’il est un bourreau."
Barbaque est le quatrième long métrage de Fabrice Eboué après Case Départ (coréalisé avec Thomas Ngijol et Lionel Steketee), Le Crocodile du Botswanga (coréalisé avec Lionel Steketee) et Coexister (2017).
La ville où se déroule l'intrigue de Barbaque n'est pas citée dans le film (qui a été tourné au Havre). Un choix délibéré de Fabrice Eboué qui souhaitait donner l’impression que l’action se situe dans une banlieue classique, de Seine et Marne par exemple. Il précise : "Mais je voulais tourner loin de la région parisienne, qu’on retrouve un esprit colonie de vacances. La Normandie, c’était parfait, car ceux qui voulaient rentrer le weekend sur Paris pouvaient."
Fabrice Éboué considère Barbaque comme une comédie romantique comme l'explique Marina Foïs : "C’était même énoncé dès la note d’intention : la comédie romantique est un genre éculé, il faut le renouveler. Et Fabrice le fait en mélangeant deux genres. Pour être honnête, je ne pensais pas que l’histoire du couple prendrait autant de place. Et quand j’ai vu le film, j’ai pris cela pour une très bonne nouvelle. La romance des deux qui prend son sens à travers les meurtres fonctionne parfaitement."
Pour jouer Vincent, Fabrice Eboué a pris entre dix et quinze kilos, s'est laissé pousser la moustache et s'est fait une calvitie. Le comédien se souvient : "Je me suis regardé dans la glace : physiquement, j’étais dans le rôle. Et je suis bien content car c’était un kif de jouer avec Marina, mais en plus, tuer des gens de manière violente et réaliste est une chose que je n’avais encore jamais fait au cinéma."
Au-delà de la thématique vegan, Barbaque a permi à Fabrice Eboué de réaliser un rêve : faire un film sur un tueur en série. Parmi ses oeuvres fétiches, il y a en effet C’est arrivé près de chez vous et la série Fargo. Il explique : "Dans Barbaque, on prend un Monsieur Tout-le-monde qui est un type sympathique, mais qui a une femme machiavélique et manipulatrice qui va le pousser à commettre l’irréparable. Et il passe de la difficulté à tuer à une action totalement banale, au point de parler gratin dauphinois tandis qu’il bute quelqu’un. Tout le pari était qu’on soit en empathie avec un couple qui tue des gens pour les bouffer."
Fabrice Eboué voulait commencer par du "léger", à savoir de la musique classique accompagnant la première scène de découpe, et terminer sur un morceau de rap des années 1990 : "Le Crim" par Democrates D. Le metteur en scène confie :
"On y cite tous les films avec des tueurs en série comme C’est arrivé près de chez vous, Orange mécanique, Jack l’éventreur, etc. C’est la première fois que je m’investis autant sur la bande son d’un film. Contrairement à ce qui se fait d’habitude, je ne voulais pas que la musique soit composée en amont. Guillaume Roussel a travaillé dessus à partir du film terminé. Je voulais qu’elle accentue la psychologie des personnages, la folie qui monte."
Fabrice Eboué s'est offert les services de Christophe Hondelatte dans son propre rôle. L'animateur retrouve pour l'occasion le décor de sa mythique émission Faites entrer l'accusé : "C’est toujours amusant de diriger des animateurs télé qui ont de la bouteille. J’avais déjà dirigé Michel Drucker dans Coexister, par exemple. Sur un plateau télé, ils sont très à l’aise, ça va très vite. Sur un plateau de cinéma, ils sont plus tendus - alors que c’est exactement la même chose pour eux puisqu’ils jouent leur propre rôle. Parfois, ça pose quelques soucis. Pas avec Hondelatte. En une après-midi, on avait toutes ses scènes en boîte."
Pour se préparer à ce rôle de boucher, Fabrice Eboué a fait une formation de coupe : "Mais rapidement. Pour les plans serrés, j’ai pris une doublure qui connait le métier. Car pour la toute première scène qu’on a tourné où j’utilisais un couteau, je me suis coupé le doigt. On s’est dit qu’on allait éviter. Même pour plier les papiers pour emballer la viande, j’étais mauvais, alors…"
Fabrice Eboué n'a pas conçu Barbaque comme une oeuvre militante et il s'agit même du premier film où il s'est émancipé de la question identitaire. Le metteur en scène précise : "Peut-être que j’y dénonce un certain militantisme qui va trop loin, mais c’est avant tout une comédie pour qu’on rigole de la société dans laquelle on vit avec tous ses extrêmes. Quelqu’un d’extrême est caricatural, et quand on est dans la caricature, on est dans le drôle. Je n’ai rien contre les vegans. Je trouve juste le sujet passionnant car il traduit une époque de communautarisme, de repli sur divers sujets, une époque où les gens ont besoin d’appartenir à un groupe."