Un film extrêmement violent, sur un village tout entier qui se choisit une victime et la brise méticuleusement.
Je ne suis toujours pas sûre de ce que je viens de voir. Au début, j'ai cru que ce serait un gentil film sur les premiers émois amoureux et sexuels d'un garçon. Et j'ai été horrifiée quand dès les premières minutes, Malena n'est pas "admirée" par tout le village (comme tout le monde a l'air de le croire) mais déjà traitée comme un objet, voire pire. Elle passe dans la rue et des plus jeunes aux plus vieux on la dévisage, on l'examine comme un bout de viande et tout le monde y va de son commentaire sur la façon dont il "la prendrait pas tous les trous" et "baiserait bien la salope". Des minutes et des minutes sans fins de violences verbales filmées comme si c'était normal. Elle est veuve de guerre et fille de professeur, cherche du travail mais n'en trouve jamais parce que les hommes veulent la sauter et les femmes lui crachent dessus, le tout sur fond d'hypocrisie religieuse.
Ensuite, ça s'enchaîne et on ne sait plus comment se positionner par rapport aux héros. Au début présenté comme un jeune garçon, il devient petit à petit une espèce de pervers en devenir, qui la suit partout et la surveille, l'imagine dans toutes les situations, l'observe dans son intimité et se branle sur ces souvenirs et une culotte dérobée. Et toujours en étant filmé comme un enfant innocent qui découvre l'amour.
Et puis la guerre est de pire en pire, on accuse -injustement- Malena de briser un mariage en couchant avec un homme marié. Elle s'en sort de justesse après le plaidoyer ridicule et plein de mouvements de manches d'un avocat qui la viole ensuite en guise de paiement. Ensuite, ça n'a plus aucun sens, ou bien un sens un peu trop glauque. Sans protection autre que l'avocat, Malena essaye de l'épouser mais la mère de l'avocat la traite déjà de putain et refuse de donner sa bénédiction.
Une scène ensuite laisse comprendre que Malena n'a plus de ressource que la pseudo générosité d'un homme. Celui ci profite de ce qu'elle crève de faim pour lui offrir du pain et du sucre et demande d'autres paiements de même nature que ceux de l'avocat. Il la viole lui aussi.
A force d'être traquée et affamée, après avoir perdu son père, Malena se résout à charmer des officiers en échange de quoi vivre. Elle circule parmi les hauts dignitaires nazis, et à la fin de la guerre, est traînée en place publique par les femmes du village.
Dans une scène d'une violence incroyable, elle est déshabillée, battue, rasée sous le regard des hommes qui ne font strictement rien.
Ensuite, Malena quitte le village et on sait qu'elle se prostitue encore pour vivre. Le mari qu'on croyait mort, revient et cherche désespérément son épouse et on lui crache au visage sans jamais lui dire la vérité.
Il faut une lettre du garçon pour qu'il apprenne la vérité et parte à sa recherche.
La fin est encore plus écoeurante et incompréhensible quand le couple revient en ville des années plus tard. Les commentaires sont toujours là mais plus cruels sur le physique amoché de Malena. Et pour que celle ci soit enfin traitée comme un être humain, il faut qu'elle regarde ses bourreaux dans les yeux et leur dise poliment bonjour.
Et tout ça sur une jolie musique et des éclairages romantiques comme si ça n'était pas à vomir.
Difficile de s'attacher à un garçon qui n'est pas bien meilleur que les autres, difficile de ne pas haïr ce village ou tout est faux, et difficile ne ne pas avoir envie d'enrouler cette pauvre Malene dans du coton, ou de la secouer pour qu'elle se réveille et commence à rendre coup pour coup.
J'ai détesté ce film, qui me donne vaguement envie d'aller me laver ou d'avaler un bidon de javel.