La Vie de Château est né dans le cadre d’un appel à projets lancé, en juin 2016, par France Télévisions, dans le cadre de ses programmes “jeune public”, dont le sujet était “le récit initiatique d’une héroïne contemporaine”. La réalisatrice Clémence Madeleine-Perdrillat nourrissait depuis longtemps le désir de raconter l’histoire d’une orpheline faisant son deuil avec un oncle inconnu et redouté : « L’appel à projets est tombé à pic, l’opportunité de proposer un scénario original rejoignait mon souhait de travailler avec Nathaniel, un « dessinateur-ami » incroyable que je connais depuis dix ans. Et puis j’aime travailler le récit initiatique et la chronique qui se prêtent très bien à l’enfance. »
Clémence Madeleine-Perdrillat, scénariste, et Nathaniel H’Limi, graphiste, se sont partagés la réalisation du film. Concrètement, la première a davantage géré la partie scénario, comédiens et son tandis que son comparse était en charge de la partie graphique (les décors mais aussi la supervision de l’animation et le compositing. Elle raconte : « Le fait de se connaître depuis dix ans a été un grand atout car nous avons toujours été très clairs l’un envers l’autre, il n’y a pas eu de tension, simplement un travail acharné pour finir le film à temps pour le festival d’Annecy. Je crois sincèrement que nous n’y serions pas arrivés si nous n’avions pas été deux. » Nathaniel H’Limi renchérit : « Depuis le début du projet, j’ai tendance à dire que Clémence s’occupe des mots et moi des images. Mais c’est plus subtil que ça : au-delà du fait que nous nous sommes fait totalement confiance sur nos tâches respectives, nous échangions en permanence à toutes les étapes du projet, il nous arrivait de nous appeler dix fois par jour et chacun intervenait en permanence sur le travail de l’autre. »
À l’instar des films préférés de Clémence Madeleine-Perdrillat, comme Mon voisin Totoro où deux fillettes expérimentent la peur de la perte de leur mère, ou La Nuit du chasseur, La Vie de Château évoque le deuil : « Je crois profondément que les enfants ont besoin de récits qui évoquent cette peur de la perte, le chagrin, mais aussi l’espoir. »
La naissance graphique des personnages s’est faite de manière instinctive, au fil des discussions entre Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’Limi. Ce dernier explique : « Même si mon dessin n’est pas réaliste, je regarde beaucoup le réel pour dessiner, je me suis donc basé sur des photos de Clémence enfant pour dessiner Violette, de Malcolm (le filleul de Clémence) pour dessiner Malcolm etc. […] Pour Régis, c’est un peu différent, je savais que si l’on gagnait l’appel à projets, je devrais le dessiner pendant deux à trois ans, je devais donc m’assurer d’avoir un modèle sous la main en permanence. Je me suis donc imaginé, moi, en ours bourru et massif. »
Nathaniel H’Limi a privilégié le travail à la main avec de l’encre et du papier afin de « transmettre la fragilité et la sensibilité du récit à travers ma ligne et ses imperfections ». Lui qui n’avait jamais dessiné de décor auparavant s’est rendu plusieurs fois à Versailles et a effectué un gros travail de recherches : « J’avais besoin de connaître la morphologie des espaces, de m’imprégner des perspectives et des textures pour dessiner. Une fois le style trouvé, il a fallu travailler dur, être patient et dessiner un par un les trois cents décors qui donnent leur empreinte visuelle à l’histoire. »
La Vie de Château évoque les attentats à Paris du 13 novembre 2015, un sujet délicat dans une production destinée à un jeune public. Si le sujet devait être à l’origine traité de façon plus frontale, les réalisateurs ont changé d’avis après des discussions avec Pierre Siracusa et Joseph Jacquet de France Télévisions : « Nous avons décidé que ce serait plus habile de le faire avec délicatesse. Il ne fallait surtout pas que le film devienne anxiogène. » Ainsi, le lieu de la mort des parents de Violette n’est jamais précisé. « Ce sujet nous a obligés à réfléchir en profondeur à la tonalité du film, c’était aussi une grande responsabilité de traiter de cela avec respect et finesse. »
La Vie de Château a remporté de nombreux prix :
- Prix du Jury - Festival International d’Annecy 2019
- Prix de la compétition Jeune Public et Prix Unifrance Jeune Public - Festival International du Film en plein air de Grenoble 2019
- Best animated Short Film for Kids - Imaginaria 2019 (Italie)
- Special Mention of the Jury - Anima Cordoba International Animation Festival 2019 (Argentine)
- Coup de Cœur du Jury Jeune, Coup de Cœur du Jury du Public et Coup de Cœur 6nema - Les Enfants Terribles Film Festival 2019 (Belgique)
- Best Animation short - Dell-IKFF 2019 (Inde)
- Best TV & Educational Film - Reanimania 2019 (Arménie)
- Best animation TV film pour le jury enfant et Best Animation TV Film pour le jury professionnel - Chicago International Film Festival 2019
- Prix des enfants, Courts des Petits - Festival Premiers Plans d’Angers 2020
- Best Short Film Award et The NYICFF Grand Prize Short Film Award - New York Children Film Festival 2020
- Tricks for Kids Award - International TrickfilmFestival 2020 (Allemagne)
- Coup de cœur pour une œuvre audiovisuelle de « Les Femmes s’Animent » - Festival national film d’animation de Rennes 2020