Jackie Chan, aussi surprenant que ça puisse paraître, n'avait jamais tourné de film d'espionnage avant Espion amateur. L'acteur producteur s'est ainsi battu pour que ce projet aboutisse et pour qu'enfin, après presque quarante ans de carrière, il puisse rendre hommage à un genre qu'il apprécie énormément.
Le metteur en scène Teddy Chan a tout de suite pensé situer l'action principale en Turquie: "Chaque recoin, chaque édifice, a sa propre histoire là-bas. La Turquie est un pays si mystérieux que je voulais y tourner cette histoire d'espionnage."
Jackie Chan en a profité pour découvrir une région qu'il ne connaissait pas. Très respectueux de la culture turque, il a aussi tenu à adapter les scènes d'action au paysage extraordinaire qui s'offrait à lui. Pour les mêmes raisons, il a aussi créé de nouvelles chorégraphies.
Jackie Chan s'est rendu célèbre au moins autant par ses acrobaties insensées que par son âme de casse cou qui lui a valu des blessures aujourd'hui légendaires. Ce film ne fait pas exception à la règle.
Durant la première scène de poursuite qui se déroule dans des bains turcs, Jackie Chan doit se battre pour sauver sa peau, une serviette nouée autour des reins. Alors qu'il doit glisser à pleine vitesse de l'autre côté des bains en exécutant un mouvement particulier de la jambe, Jackie Chan perd l'équilibre sur le sol ultra-glissant. Résultat: une grosse bosse sur la tête en retombant...ainsi qu'une cascade de plus dont il se souviendra.
Une autre scène du film qui a requis beaucoup d'abnégation de la part de Jackie Chan est celle qui se déroule dans le marché des épices d'Istanbul vieux de plus d'un siècle. L'auteur producteur a tenu absolument à tourner une scène de course poursuite, dans ce cadre si particulier, au milieu des cageots, des épices colorées et des piments qu'on trouve à foison. Dans la scène, déjouant l'attaque de ses adversaires, il s'échappe en exécutant d'incroyables cascades. A la fin de dix jours de tournage, son corps en est sorti complètement couvert d'épices. Comme à l'accoutumée, il a accepté stoïquement le prix à payer: une peau à vif, écarlate accompagnée d'une odeur très persistante.
Pendant le tournage en Corée, la température a oscillé entre -5°C et -2°C. Le pire ennemi de l'équipe est alors la neige qui tombe presque sans discontinuer.En Turquie, en revanche, la situation a été diamétralement opposée. La chaleur étouffante a épuisé totalement l'équipe. En effet, il n'était pas rare que le thermomètre dépasse les 40°C.
Lors d'une scène, Jackie Chan doit sauter d'un camion-citerne pour sauver des vies humaines. On le voit exploser sur le pont qu'il traverse avant de tomber d'une hauteur de 100 mètres. L'explosion ayant mis le feu à une partie des arbres de la colline proche, Golden Harvest a décidé d'assumer le financement du reboisement local pour préserver l'environnement. Et voilà comment la colline a retrouvé ainsi très vite son aspect originel.
Espion amateur est, à ce jour, le film le plus cher jamais produit par Golden Harvest, la société créée par Raymond Chow, célèbre entre autres pour avoir lancé Bruce Lee, Jackie Chan et Michael Hui.
La scène finale, qui a nécessité quinze jours de tournage, a été confiée au cascadeur français Jean-Claude Lagniez déjà responsable des spectaculaires cascades du film Ronin de John Frankenheimer. Il a dû imaginer et superviser cette scène d'action très musclée dans laquelle Jackie Chan, confronté à un adversaire sur le toit d'une voiture lancée à plus de 160 kilomètres/heure, a l'occasion de montrer toute l'étendue de son talent.
La construction du village de pêcheurs, que l'on aperçoit dix minutes en tout avant qu'il ne soit détruit par une gigantesque explosion, a coûté plus de dix millions de dollars HK à la production.
A l'occasion du lancement des premiers jours de tournage dans la ville de Séoul, Jackie Chan, qui avait également été nommé "Ambassadeur de la Coupe du Monde 2002" en a profité pour offrir 1000 bicyclettes aux habitants d'un village afin qu'ils puissent aller chercher l'eau potable aux sources des environs. L'ayant appris, Goh Kun, le maire de Séoul l'a aussitôt nommé "Citoyen d'Honneur".