Le Petit piaf est le douzième film réalisé par Gérard Jugnot. C’est le producteur Marc-Étienne Schwartz qui lui a proposé de réaliser ce long métrage. Le metteur en scène se rappelle : "J’étais ravi mais l’histoire était censée se dérouler en Afrique et ma méconnaissance de ce continent ne me permettait pas de me sentir complètement légitime."
"La décision fût prise d’adapter l’intrigue à La Réunion, que je connaissais un peu pour y avoir joué. J’ai proposé de tout réécrire pour que l’histoire se déroule sur l’île... Avec, Serge Lamadie, l’un des scénaristes, nous avons donc imaginé ce film, où toutes les couleurs, les sensibilités et les cultures se mêlent, en y injectant aussi plus de comédie."
Soan Arhimann, l'interprète de Nelson, vit à La Réunion et est très attaché à son île et à sa famille. Passionné de chant depuis tout petit, il a remporté en 2019 la saison 6 de The Voice Kids, où il se trouvait dans l'équipe de Soprano puis dans celle d'Amel Bent. De retour à La Réunion, il a été accueilli en héros.
Gérard Jugnot raconte à son sujet : "Ce qui est intéressant c’est que Le Petit Piaf parle justement de l’importance des racines. Soan est un gamin intelligent et talentueux qui certes vit dans son époque, mais qui n’est pas obsédé par le nombre de ses followers. Il est intéressé par plein d’autres choses..."
"Mais il est surtout passionné par la musique, accompagné par son père avec une très belle complicité. J’ajoute que j’ai retrouvé cette fraîcheur chez Ornela et Zakarie, des enfants qui sont au fait du monde qui les entoure, mais qui en même temps sont un peu épargnés grâce à l’éloignement de la métropole."
Gérard Jugnot a voulu filmer La Réunion comme un personnage. Le cinéaste connaissait un peu cette île, mais c’est en s’y installant pour le film qu'il l'a véritablement découverte. Il se souvient : "Là-bas, l’Afrique, l’Asie, et l’Europe se mélangent et vivent ensemble. Ça m’a frappé quand j’ai fait le casting."
"J’ai rencontré des comédiens formidables dont les ancêtres venaient aussi bien de Madagascar, du Gabon que de Normandie ! Une île qui porte bien son nom : La Réunion ! C’est un lieu magnifique, où que vous placiez votre caméra, mais il est facile de tomber dans le piège du film touristique."
"Même si nous avons dès le début voulu intégrer les paysages au cœur de l’histoire nous voulions donc aussi donner une dimension sociale au récit : Nelson se bat pour que sa copine Mia, qui est orpheline, puisse retrouver une famille et ne vive plus abandonnée, livrée à elle-même."
"Je trouvais important de ne pas occulter cela sans verser dans la noirceur ou le militantisme. Il fallait conserver suffisamment de rugosité et d’âpreté pour éviter l’angélisme et la carte postale."
Les repérages du Petit piaf ont commencé lors du premier confinement en 2020. L'assistant réalisateur et le régisseur étaient partis sur place pour commencer à travailler, puis Gérard Jugnot les a rejoints. Le metteur en scène se rappelle : "J’ai pris l’avion pour Saint-Denis de La Réunion un samedi et pendant le vol, l’hôtesse de l’air a informé les passagers que le Président Macron venait d’annoncer le confinement général du pays pour le mardi suivant !"
"Après 12 heures de vol, j’arrive le dimanche et au lieu de me reposer en attendant le lendemain, je suis parti de suite avec mon équipe voir les décors déjà repérés et valider ce qui pouvait l’être. Au bout de 36 heures, j’ai repris l’avion dans l’autre sens pour éviter de rester coincé là-bas ! En juillet nous avons pu revenir pour tourner et là ça ne s’est pas trop mal passé parce qu’à ce moment, l’île était plutôt préservée. C’est après que les choses se sont compliquées."
Le film aborde un sujet cher à Gérard Jugnot : la transmission, cette idée d’un type qui ne va pas bien donnant une leçon de vie à un gamin et qui en prend une en retour. "J’avais aussi l’envie de travailler avec Marc Lavoine que je connais depuis un bout de temps grâce aux Enfoirés. Et puis j’ai fait une belle rencontre avec le petit Soan Arhimann, qui interprète le premier rôle, un gamin merveilleux, grand chanteur", confie lme réalisateur.
Marc Lavoine joue Pierre Leroy, un chanteur qui a connu le succès le temps d’un tube unique il y a quelques années et qui est invité à La Réunion en échange de concerts. Le comédien explique : "Vous savez, il y a énormément de chanteurs et beaucoup n’ont eu qu’un ou deux tubes, ou chantent dans des bals..."
"Ce sont souvent des gens qui portent une souffrance mais qui ont aussi en eux une vraie gentillesse. Pierre, lui, a oublié cet aspect de sa personnalité. Il a décroché et se retrouve comme échoué sur cette île, artiste devenu un peu méchant, un peu râleur, un peu cynique et méprisant."
"Il ne regarde plus la vie comme elle est mais la voit du mauvais côté. Je crois moi que l’on passe toute sa vie à essayer de réaliser ses rêves d’enfance : lui les a laissés partir... Cet homme s’en veut de quelque chose, sans doute d’avoir raté la relation avec sa fille."
"Au contact de ces gamins qui le bousculent, Pierre va retrouver des choses qu’il avait perdues en cours de route et qui vont le rattraper par la manche en lui donnant une nouvelle chance d’être un homme. Je n’ai pas essayé d’analyser ce personnage : j’ai tenté de le mettre au présent."