Ferzan Ozpetek voulait parler de deux êtres qui forment un couple depuis longtemps et qui sont sur le point de rompre parce que la passion s'est étiolée. Ils ont désormais un rapport essentiellement fraternel et ne savent pas comment faire face à cette nouvelle situation. Le réalisateur précise :
"Le fait que ce soient deux hommes n'a pas d'importance : il pourrait s'agir d'un homme et d'une femme, ou de deux femmes. Cependant, ce qui m'a vraiment fasciné, c'est l'idée qu'une fois que la passion et le désir sexuel se sont émoussés, la relation peut renaître sous d'autres formes et le couple n'est pas forcément condamné. Je crois que c'est une problématique qui concerne de nombreux couples, quelle que soit leur orientation sexuelle."
Le film n'est pas né d'un désir de participer au débat sur les "rainbowfamilies". Ferzan Ozpetek confie cependant : "J'ai trop de respect pour les familles, quelles qu'elles soient, pour les instrumentaliser dans un but dramaturgique. Néanmoins, il est clair qu'au bout du compte, mes protagonistes découvrent que la parentalité n'est pas une question biologique, elle est d'ordre émotionnel et moral, c'est une question de responsabilité. On est parent avec le cœur et l'intelligence, pas uniquement parce qu'on s'est reproduit."
En 2018, le frère de Ferzan Ozpetek est tombé malade. Sa femme avait demandé au cinéaste et son compagnon de s'occuper de leurs deux enfants au cas où quelque chose de grave lui arrivait. Le metteur en scène se rappelle :
"Elle voulait que je le lui promette. À l'époque, mes neveux avaient douze ans. Ce sont des enfants intelligents : ils parlent couramment plusieurs langues, ils aiment lire, s'informer, ils sont curieux par nature, et on pourrait se dire qu'il est facile de les élever."
"Et pourtant, la demande de ma belle-sœur a suscité chez moi d'innombrables angoisses, peurs et doutes sur mes capacités. Elle a aussi laissé place à un univers émotionnel que j'ignorais, et face auquel je ne savais pas comment réagir. Ce film était une manière d'explorer ces doutes et ces émotions."
Pour toujours a très bien marché en salles puisqu'il a engendré 8,3 millions d’euros au box-office italien. Il a par ailleurs obtenu deux David di Donatello, huit nominations aux Rubans d’Argent avec deux prix remportés. Ferzan Ozpetek a commencé à comprendre que ce film avait quelque chose de spécial après la première projection chez Warner. Le metteur en scène se rappelle :
"Le film devait sortir début novembre 2019 et au lieu de cela, le distributeur a dit : "Mais non, sortons-le à Noël". Je pensais que l’histoire de deux hommes avec deux enfants n'était pas si adaptée que cela aux fêtes de Noël, mais en fait, ils avaient raison : le film a fait beaucoup d'effet et il a bénéficié d’un formidable bouche-à-oreille, car tous ceux qui l'ont vu ont dit avoir été émus et très marqués."