Tout s'est bien passé. J'ai effectivement passé un très beau et bon moment devant ce nouveau film de François Ozon. Le 1er plan de surcadre annonce la couleur.
Sophie Marceau enfermée entre le cadre de la porte, en plan large, comme enfermée dans la décision prise par son père. Plan faisant écho au dernier plan du film, au même endroit, semblable, mais en plan serré sans l'encadrement de la porte... un dernier long plan sur Sophie Marceau absolument puissant en émotion, rien que par le regard et où tout le film prend sens.
Magnifique.
Un film nécessaire et très instructif sur l'accompagnement en fin de vie, qui est encore un sujet tabou dans la société française et au combien délicat dans la communauté religieuse. Mais ici il n'est pas question de religion, mais simplement d'une philosophie de vie et d'un choix déterminé entrepris par André, le personnage joué par André Dussollier, victime d'un AVC, qui a entraîné une réduction de ses facultés physiques.
Le scénario est très simple et suit le parcours classique que peut avoir une telle thématique. Jusqu'à la fin, on se demande si André reviendra oui ou non sur sa décision. C'est ce qui fait l'enjeu principal du film en termes d'intrigue. Mais en vérité les enjeux sont multiples, à travers les personnages de ces 2 filles qui sont condamnées à accepter le choix de leur père. La façon dont elles doivent assumer ce choix et surtout l'organiser, au détriment des lois françaises existantes. Ce qui rajoute encore de l'enjeu, car elles deviennent tout simplement complices de cet acte d'amour aux yeux de la justice française.
Clairement, André Dussollier tient ici un rôle incroyable de justesse et extrêmement touchant. Et Sophie Marceau l'est tout autant.
J'ai été assez frappé par l'absence quasi totale de musique qui accompagne les scènes. Il y a un vrai parti pris de ne pas rajouter un côté larmoyant aux scènes, et pour cause, le jeu du duo fonctionne à merveille et se suffit à lui-même. J'ai été profondement touché, ému, d'autant plus qu'il y a également une certaine légèreté apportée par des touches d'humour ici ou là, bien pensé et utilisé pour dédramatiser un peu l'ambiance, tout en permettant de s'attacher davantage au personnage d'André.
Le travail de la prothèse au niveau du visage et de la lèvre d'André (qui nécessitait 2 heures de pose chaque jour) permet aussi de donner un grand impact au personnage, et au réalisme de la situation.
Ce n'est pas le film de François Ozon le plus esthétique, et le plus recherché en termes de mise en scène. Mais l'histoire est tellement forte, la cause tellement importante, que tout fait sens, que tout s'emboîte naturellement. Et le final reste très fort en émotion.