Au cours de ses rencontres, François Bégaudeau s’est rendu compte que plusieurs motivations justifiaient le retour à l’autonomie mais qu’il résultait avant tout d’une synthèse d’une contrainte et d’un désir. Il explique : « La contrainte : des conditions économiques qui condamnent à louer des petits espaces confinés à un prix sans proportion, et ce dans des villes où l’offre d’emploi finalement assez faible ne compensait ni la pollution, ni la brutalité générale. Le désir : respirer un air plus sain, trouver un espace adéquat - pour agrandir sa famille, par exemple-, s’épargner le bruit, sortir de la boucle infernale travail-consommation-travail ».
Si la Mayenne favorise le retour à l’autonomie, c’est, selon François Bégaudeau, grâce à la nature même du territoire qui est rural, peu dense, mal desservi et sans gros axes routiers ni gros réseau ferroviaire. Une situation géographique qui peut se révéler réellement handicapante socialement pour certains habitants mais qui peut aussi être une chance pour d’autres, « qui, loin de chercher à s’ajuster à certain mode de développement et d’organisation sociale, entendent développer des pratiques qui y échappent. Pour ceux là, l’enclave n’est pas endurée mais voulue. Elle est une solution et non un problème. Pour ceux-là, l’enclave est un havre ».
Camille, « l’homme des bois », est une création de François Bégaudeau. Il est incarné par Alexandre Constant, qui connaît bien le monde rural et s'est penché sur le survivalisme, facilitant le travail du réalisateur. Le personnage représente la version radicale de l’autonomie. Bégaudeau reconnaît que les spectateurs peuvent se sentir trahis quand ils découvrent la nature fictionnelle des séquences liées à Camille, en particulier les plus militants d’entre eux : « Mais ne peut-on pas aussi estimer que ce qui semble fictionnellement crédible prouve quelque chose? C’est mon acte de foi à moi : si le personnage fonctionne, alors son mode de vie est viable ».