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inspecteur morvandieu
33 abonnés
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1,0
Publiée le 7 février 2024
Les combats de 1914 sont à peine commencés que le lieutenant Adrien se trouve défiguré par un obus. Durant toute la guerre, l'univers d'adrien sera la chambre des officiers d'un hôpital militaire. Son visage ravagé, cause de souffrances physiques autant que psychologiques, est au centre du drame. François Dupeyron exprime l'horreur et la cruauté de la guerre à travers ses "gueules cassées". On voudrait s'émouvoir d'un sujet si douloureux et sincère, mais les partis-pris de la mise en scène sont tels qu'on est vite rebuté. La quasi unité de lieu, la lenteur du récit et la morbidité, au moins au début du film, caractérisent ce drame intimiste dont le maniérisme et la gravité affectés ne portent aucune intensité dramatique. Il n'y a pas précisément d'intrigue, le film relatant simplement, essentiellement, la progression, l'amélioration des capacités du lieutenant aux côtés d'autres gueules cassées dont l'angoisse est devenue spoiler: de s'exposer au regard des autres. Les arguments sont justes tout en relevant de l'évidence. Dans ce contexte dramatique et stylisé, les personnages semblent figés dans un dolorisme convenu, à l'image de la gentille et fade infirmière jouée par Sabine Azéma.
Entre Un long dimanche de fiançailles (pour les visuels), Au Revoir Là-haut (pour le thème et son approche) et Le scaphandre et le papillon (pour la mise en scène).
Les trois sont sortis après, et les trois sont mieux.
C’est pas inintéressant mais pas captivant pour autant. Les 10 dernières minutes sont vraiment géniales et ça aurait pu être tellement bien si le reste était pareil.
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18 103 critiques
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1,5
Publiée le 9 avril 2021
C'est un récit passionnant si l'on aime être ennuyé par le radotage sentimental apparemment sans fin débité trop fréquemment dans cette version dramatisée d'un bien meilleur livre du moins je l'espère. Il semble une fois de plus que la guerre entremêlée d'une histoire d'amour clichée que nous avons déjà vu auparavant obtiendrez au moins une intrigue relativement crédible. La guerre n'a pas toujours été l'occasion pour les Français de s'envoyer en l'air d'être gravement blessés et de passer le reste de la guerre dans un hôpital confortable. Une chose que j'ai remarquée en voyant ce film c'est que la star principale qui est probablement un type formidable ne joue pas vraiment bien. Tout ce qu'il fait pendant la première heure environ c'est de saluer les gens dans un train. Essayer de monter dans un train. Faire l'amour et monter à cheval pendant environ quinze secondes. S'allonger sur un lit dans un van avec du sang qui coule dans ses mains. Se réveiller à l'hôpital avec des bandages sur la tête. Il commence alors à marcher un peu dans l'hôpital avec son nez inexistant en écharpe il dit va-t'en à son ami deux fois puis et il va dans une maison close. Ensuite je suis un peu choqué par Géraldine qui a passé une nuit avec ce soldat dès qu'elle en a quitté un autre dans un train pour la zone de guerre. A la fin elle n'apparaît que 6 minutes mais elle était mignonne mais a part son apparition le film est totalement dépressif...
Film touchant sur un sujet oublié, celui des "gueules cassées" de la première guerre mondiale. A travers les personnages d'Adrien (Eric Caravaca) et de ses camarades mutilés, nous abordons les différentes étapes psychologiques suite à un tel traumatisme mais sans jamais sombrer dans un pathos excessif: pensées mortifères, doutes, peur du regard des autres, jusqu'à l'acceptation de soi même. Le rythme (qui semble en rebuter certains) est lent, comme les quatre longues années passées en convalescence dans cette chambre d'hôpital. Les seconds rôles complètent bien le tableau, avec le médecin André Dussolier et sa foi dans les progrès de la médecine chirurgicale ou Sabine Azema en infirmière maternelle qui voit en Adrien le portrait de son propre fils également au front. Cette guerre a profondément marqué les esprits de ceux qui en sont revenus. Il faut imaginer la difficulté de se reconstruire pour ceux dont elle a également profondément marqué les corps, dans ce qui attire le plus le regard, le visage. Les deux dernières scènes sont belles parce qu'elles sont, comme le ton du film, pleine d'espoir et d'humanisme.
« La Chambre des Officiers » de François Dupeyron (2001) fait partie avec « La Grande Illusion » de Jean Renoir (1937) et « Les Sentiers de la Gloire » de Stanley Kubrick (1957), de mon podium des films sur la Grande Guerre. Adrien (Éric Caravaca) est blessé dès les premiers jours de la guerre et il ne passera pas moins de 1 640 jours soit près de 4 ans et demi dans cette fameuse chambre des officiers où au Val-de-Grâce on essaie de reconstruire les « gueules cassées » et lui de répéter à juste titre « patience, patience … ». Il se fera 2 amis inséparables – Henri (Denis Podalydes) et Pierre (Grégori Derangère) – et tous les 3 chemineront dans leur reconstruction physique et morale. Le chirurgien (André Dussollier) fait preuve d’un optimisme à toute épreuve (« La greffe n’a pas pris. Je recommence demain. On va essayer autre chose ») et il est vrai que la chirurgie maxillo-faciale a fait d’énormes progrès durant cette période. L’infirmière Anaïs (Sabine Azéma) est un modèle de charisme transférant sur Adrien son propre fils qui combat dans les Ardennes, et lorsque Adrien tentera de suicider, elle le consolera en silence dans un tableau digne d’une Piéta. Le début du film est dominé par une couleur jaune-verdâtre et la caméra est superbe souvent au niveau des visages des hospitalisés avec des cadrages obliques et des gros plans dans l’obscurité très prenants… Une des scènes les plus dures est lorsqu’Adrien rentre enfin chez lui, sa mère ne saura caché son émotion et dira « On le reconnait bien… on va s’habituer » avant de fuir. Quant à Adrien c’est à travers 2 petites scènes (la petite fille dans le métro et la femme qui ouvre brutalement la portière du taxi) qu’on comprendra qu’il commence à accepter sa situation et envisage un avenir pour lui. Deux petits bémols : le rôle de Clémence qui pour moi n’apporte pas grand-chose et le fait qu’Alain, le seul ami qui soit venu le voir régulièrement, meurt quelques jours avant l’armistice. Le film est tiré du roman éponyme de Marc Dugain et se base sur les travaux de Sophie Delaporte, Médecin et Historienne, formée à Amiens… ville où a eu lieu en 2005 la première greffe de visage !
En ces temps de guerre, ce film nous montre ce que les médias évitent soigneusement de nous montrer : "les dommages collatéraux", i.e. les dégâts occasionnés par la guerre sur des hommes et des femmes. On sait que les "frappes chirurgicales" n'existent pas même si les médias ont tenté de nous faire croire le contraire il y a quelques années. Le parti-pris du film de prendre des acteurs peu connus pour jouer les rôles principaux des gueules cassées est réussi : je pense que, de cette façon, cela nous les rend encore plus attachants, plus crédibles. La notion du regard des autres spoiler: (amis, famille, personnel soignant, prostituées, enfants, adultes, connus ou inconnus...) sur un blessé est très bien rendue, on est immergé totalement dans ce film qui a le grand mérite, outre de raconter un épisode méconnu de notre histoire, de faire réfléchir. spoiler: On peut aussi réfléchir sur l'obtention d'une décoration (ici la légion d'honneur) sachant que le héros du film l'obtient plus pour les traces indélébiles de la guerre sur son visage que pour des actes de bravoures pendant la guerre, vues les conditions dans lesquelles est survenue sa blessure. Je ne vous conseillerai pas ce film comme le divertissement du week-end après une semaine de travail mais je pense qu'il faut le voir avant de participer à tort et à travers à des débats type "café du commerce" sur "la guerre contre le terrorisme" (appellation CNN).
« La chambre des officiers » est un huis clos historique qui nous fait vivre le quotidien de quelques blessés de guerre, au cœur du premier conflit mondial. Tous atrocement blessés au visage, ces « gueules cassées » sont isolés dans un hôpital parisien où ils mettent des mois, voire des années à se réparer physiquement et mentalement. Le cinéaste François Dupeyron (dont je découvre le travail aujourd'hui) traite son sujet avec un réalisme et une humanité hors du commun et parvient à magnifier cette histoire aride pour en faire un témoignage poignant qui laisse des traces, bien après son visionnage. Il faut dire que les acteurs sont d'une étonnante justesse et qu'ils parviennent à nous emmener loin au cœur de leur triste vie, ponctuée par les soins, les opérations et les quelques réconforts prodigués par les remarquables infirmières de l'époque. A ce titre, il faut saluer l'excellence de la reconstitution historique et des rapports humains qui sont si finement travaillés qu'ils se révèlent bouleversant. Un hommage magnifique et très largement mérité !
Revu ce jour après l avoir vu à sa sortie, à l époque j avais aimé, aujourd'hui encore plus. Une prouesse de traiter avec tant de sensibilité et de délicatesse un sujet aussi cruel et violent.
Je n'ai pas lu le livre dont est tiré ce film. Ce livre est peut-être bien mais un livre n'est pas un film. Le temps du livre laisse passer des choses qui sont ennuyeuses au cinéma, et ce film est ennuyant au possible. C'est bien réalisé, les images sont jolies, les éclairages mignons, les acteurs jouent bien la comédie. Mais c'est insupportablement long. Un tel scénario aurait peut-être fait un honnête court-métrage mais pas un film de deux heures. A éviter.
Comment vivre sans visage ? Si le souvenir des morts reste présent, paradoxalement, les blessés tombent dans l'oubli... pourtant, la guerre n'est pas terminée pour eux. Un superbe film à la magnifiquement photo, à la grande sensibilité et sans longueur ennuyeuses. Quand le cinéma français est encore capable de belles choses.
1914, premières heures des combats. Jeune lieutenant du génie militaire, Adrien est frappé par un obus. Envoyé à l'hôpital, il devient une gueule cassée, et passera plusieurs années en convalescence, où il devra réapprendre à vivre en s'acceptant. Il sera aidé par sa nouvelle "famille" : un chirurgien paternaliste professionnel, une infirmière protectrice et attentionnée (touchants André Dussolier et Sabine Azéma), et ses camarades de chambrée, aussi marqués que lui. François Dupeyron signe là un film dur, sur les blessures physiques et morales, le regard des autres, et l'ostracisation, le tout dans un contexte fort bien reconstitué de Première Guerre Mondiale, où la notion d'héroïsme n'a plus beaucoup de sens. On s'attache beaucoup au protagoniste interprété avec finesse par Éric Caravaca, qui découvrira brutalement l'étendue de ses blessures (certaines scènes ne sont pas sans évoquer "Johnny Got His Gun"), pour s'en remettre longuement. La réalisation est par ailleurs soignée, jouant de la photographie ambrée, et des plans de couloirs, allées, et autres espaces clos. Un drame difficile mais fort.
La chambre des officiers est un film puissant, plein de dureté et de douceur qui ne manque pas d'émouvoir. Car c'est le courage de nos aïeux que l'on admire, non pas tant celui des combats au cœur de la mitraille, car de la guerre l'on ne verra pas même l'obus qui défigurera Adrien, que celui nécessaire pour supporter les blessures les plus terribles, celles qui annihilent l'identité des êtres, au point qu'ils ne seront plus que des "gueules cassées".
On suit Adrien un jeune lieutenant dont la mâchoire a été arrachée, ainsi que ses camarades de chambre et d'infortune, faire le deuil de leurs visages et de leurs vies passées. Ils subissent la souffrance et le désespoir au quotidien, certains d'ailleurs n'y survivront pas. Mais aux moments douloureux, qu'accompagnent avec empathie les soignants, succèdent des joies, des flirts, des désillusions, et au croisement d'une ruelle l'amour et la renaissance peut-être. Grand film. 10/18