"Il est difficile de trouver des mots assez forts pour décrire les thèmes que nous voulions aborder dans ce nouveau projet. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons choisi le médium film pour raconter cette histoire, plutôt que de nous contenter de l’écrire. L’écriture est trop précise, trop catégorique. Elle était insuffisante pour cette histoire. Il y a beaucoup de silences dans le film, et quand les personnages parlent, ils en disent paradoxalement beaucoup moins. Ici, le malaise, la solitude et l’appréhension se nichent dans les familles."
Le foyer familial, considéré autrefois comme un nid, est aujourd’hui, selon Fabio D'Innocenzo et Damiano D'Innocenzo, le lieu de l’intolérance, de la froideur et de l’anxiété. Les frères cinéastes expliquent : "Il n’y a qu’à regarder les statistiques des meurtres domestiques pour se rendre compte que c’est souvent le cas. Nous voulions enquêter sur les problèmes de communication qui règnent au sein de ces familles, empêtrées dans des routines stériles, où seule la tragédie peut éventuellement faire bouger les choses."
Les familles au centre du film sont ordinaires et n’ont pas l’excuse d’être marginales ou bourgeoises. C’est, selon Fabio D'Innocenzo et Damiano D'Innocenzo, un équivalent actuel du Spoon River d’Edgar Lee Masters, qui concerne autant la banlieue américaine que l’Etat-providence européen : "Nous pensons que cette histoire communique un sentiment de souffrance palpable. Elle ne se contente pas de raconter la souffrance, elle l’incarne sous une forme ancestrale puissante, la métaphore par excellence : la fable."
A noter que Fabio D'Innocenzo et Damiano D'Innocenzo avaient collaboré au scénario de Dogman de Matteo Garrone, film choc dans lequel un toiletteur pour chiens sans histoires se retrouve impliqué dans une spirale de violence infernale.
Avec Storia di vacanze, Fabio D'Innocenzo et Damiano D'Innocenzo ont voulu se rapprocher du conte de fées sombre qui relate les pires aspects d’une forme de capitalisme. Une histoire complexe, bien loin du réalisme de leur précédent film, Frères de sang (une plongée dans la mafia italienne via le parcours de deux jeunes): "Cette histoire pourrait être tout droit sortie de l’œuvre des frères Grimm. Un monde de sensations, de couleurs vives et d’odeurs, même si en arrière-plan, tout brûle."
Comme dans tout conte de fées qui se respecte, un narrateur énonce les faits : un narrateur moqueur, qui aime brouiller les cartes, déceler de l’ambiguïté dans le geste le plus anodin et banaliser l’inhumain. Fabio D'Innocenzo et Damiano D'Innocenzo précisent : "Après tout, chaque film est un rêve. Storia di vacanze parle d’un rêve brisé. Celui d’une génération de jeunes gens qui imaginaient l’avenir avec un sentiment d’espoir qui s’est avéré vain, et dont les enfants ne veulent même pas envisager le leur."