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    Saint Omer
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Saint Omer" et de son tournage !

    Récompenses

    Saint Omer a obtenu le Lion du Futur du Meilleur Premier Film et le Grand Prix du Jury lors de la 79ème Mostra de Venise. Il a également reçu le Prix Jean Vigo et est le candidat de la France à l'Oscar du meilleur film international.

    Première fiction

    Après plusieurs courts et longs-métrages documentaires, Alice Diop signe avec Saint Omer son premier long-métrage de fiction.

    L'affaire Fabienne Kabou

    Derrière Saint Omer se cache l'histoire vraie de Fabienne Kabou, une mère condamnée en 2017 pour infanticide. Le 20 novembre 2013, le corps de sa fille Adélaïde, 15 mois, est retrouvé par un pêcheur sur la plage de Berck-sur-Mer dans le Pas-de-Calais. Sa mère, qui ne l’avait jamais déclarée à l’état civil, l'avait abandonnée la veille sur cette plage à marée montante. Si les autorités envisagèrent d'abord qu'il s'agissait d'une migrante dont l’embarcation avait chaviré, leurs soupçons se tournèrent vers Fabienne Kabou qui reconnaîtra en garde à vue avoir mis fin aux jours de sa fille parce que "c'était plus simple comme ça". Son procès s’est ouvert en 2016 devant la cour d’assises de Saint-Omer. Alors qu'elle encourait la réclusion criminelle à perpétuité, elle est condamnée en première instance à vingt ans de réclusion criminelle. Jugée en appel à Douai en 2017 devant la cour du Nord, elle est finalement condamnée à quinze ans de réclusion criminelle. Une peine assortie d'un suivi socio-judiciaire de huit ans avec injonction de soins.

    Une obsession

    Alice Diop affirme que ses films naissent toujours d'une intuition, qui grandit au point de devenir une obsession. Pour Saint Omer, l'obsession est venue d'une photo publiée dans Le Monde en 2015. Cette image en noir et blanc, prise par une caméra de surveillance, montre une femme noire, gare du Nord, poussant un bébé métisse emmitouflé dans une combinaison. Deux jours plus tôt, un bébé avait été retrouvé à Berck-sur-Mer. En voyant la photo, la réalisatrice a su d'emblée qu'elle était "sénégalaise, je sais qu’elle a le même âge que moi, je la connais tellement que je me reconnais. Commence alors une obsession pour cette femme. Je n’en parle à personne, mais je suis l’enquête quasiment heure par heure, puisque tous les journaux parlent de ce bébé." Elle finit par se rendre au procès en juin 2016 : "Je n’en parle à personne. Je ne m’explique pas cet acte fou qui consiste à aller au procès d’une femme qui a tué son bébé métisse de quinze mois, alors même que je suis également la jeune mère d’un enfant métisse."

    L'arrivée à Saint Omer

    A l'instar du personnage de Rama, Alice Diop s'est rendue au procès de Fabienne Kabou à Saint Omer. En arrivant dans cette ville du Nord dévastée, la réalisatrice a senti le regard des habitants sur elle : "Je me sens en danger parce qu’en voyant quel type de blancs me regardent, je comprends que je suis le miroir de leur déclassement. Je suis une femme noire, habillée comme une parisienne, qui traîne une valise, et qui est là, dans cette ville dévastée, exposée à ces blancs déclassés... Cette image de thriller ou de film d’angoisse est quelque part dans le film." 

    Raconter l'universel à travers le corps noir

    Avec Saint Omer, comme dans ses précédents travaux, Alice Diop a cherché à "offrir au corps noir la possibilité de dire l’universel. J’ai intuitivement toujours su qu’il l’était, mais politiquement cela ne me semble pas encore accepté. Notre intimité n’est pas encore tout à fait considérée comme pouvant parler à l’intimité de l’autre." C'est en voyant 35 Rhums de Claire Denis qu'elle a pour la première fois vu des acteurs noirs "traversés par une question qui n’avait rien à voir avec celle de leur négritude, sans que ça fasse débat, et ça m’a bouleversée." 

    Une quête esthétique et politique

    Alice Diop voulait filmer des corps de femmes noires pour "leur offrir le cinéma, comme un espace où on ne peut plus se soustraire à leur regard, sans pour autant que cela soit trop stylisé." Les premières références qu'elle avait en tête étaient des peintures, comme La Ferronnière de Léonard de Vinci, certains tableaux de Rembrandt, des modèles noirs peints par Cézanne, et Grape Wine d’Andrew Wyeth, exposé au MET, qui montre le portrait d’un vagabond noir. La réalisatrice désirait montrer la complexité d'une femme noire : "On est toujours lissées dans un regard bien-pensant, enfermées dans le regard de ceux qui ont le droit de faire à notre place notre propre récit".

    Références

    La réalisatrice avait comme référence La Vérité d'Henri-Georges Clouzot, ainsi qu'une littérature de non fiction, comme Souvenirs de la cour d’assises d’André Gide, De sang-froid de Truman Capote, L’Adversaire d’Emmanuel Carrère ; des ouvrages qui dépassent selon elle la littéralité du fait divers. "Dans Saint Omer le fait divers est, consommé, digéré, recraché à travers le prisme de mon histoire intime et de ce projet politique qui consiste à raccrocher les histoires de ces femmes à la mythologie qui ne leur a jamais été offerte, à la tragédie qui vient révéler quelque chose de nous-mêmes, de moi et du spectateur."

    Entre fiction et documentaire

    Saint Omer se situe à la frontière entre la fiction et le documentaire. Ainsi, Alice Diop a recréé le procès de Fabienne Kabou non pas dans la salle du vrai procès, mais dans la salle voisine, qui est devenue un décor de cinéma avec des fausses boiseries. Face aux spectateurs qui étaient des vrais spectateurs de la ville, les comédiens interprétaient un texte documentaire dans l'ordre chronologique, dans une réalité documentaire rejouée. "Donc c’est le mélange de quelque chose d’extrêmement stylisé — le cadre—, d’extrêmement mis en scène — la temporalité des plans — avec quelque chose de totalement documentaire : la manière de filmer et d’enjoindre les acteurs à convoquer une émotion très documentaire. Je ne leur ai donné que peu d’intentions de jeu : je les ai confrontés à ce texte et je leur ai proposé de le traverser, de le jouer dans la vérité de l’instant."

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